Peu avant le 1er mai, des chercheurs norvégiens et britanniques ont annoncé avoir mis au point un nouvel outil d’évaluation de la dépendance au travail. Baptisé «The Bergen Work Addiction Scale», ce test est publié dans le dernier numéro du Scandinavian Journal of Psychology. Ce travail a été dirigé par Cecilie Schou Andreassen, psychologue clinicienne de la faculté de Psychologie de l'université de Bergen. Cette chercheuse souligne que l’évolution rapide des modes de travail, sous l'influence de la globalisation et des nouvelles technologies, crée une dépendance croissante dans la population et a tendance à effacer les frontières entre travail et vie privée.
Ce test a été élaboré et validé auprès de 12.135 salariés norvégiens travaillant dans plusieurs secteurs de vingt-cinq entreprises différentes.
L’échelle retient au final sept critères essentiels caractéristiques de l’addiction. Soit: le caractère constant de la préoccupation professionnelle, la modification de l’humeur (agitation ou irritabilité en cas d'impossibilité), le besoin impératif d'augmenter l'intensité ou la fréquence, le désintérêt (pour d’autres activités), l’apparition de conflits, la poursuite du comportement d’addiction en dépit des problèmes croissants qu’il provoque et la survenue récurrente de rechutes.
Ici ces sept critères sont pondérés en fonction de leur importance ou de leur fréquence: 1 (jamais); 2 (rarement); 3 (parfois); 4 (souvent); 5 (toujours).
En pratique, les résultats des tests obtenus et analysés par les chercheurs démontrent que l'échelle permet d’établir de manière fiable une distinction entre les workaholics (entité qui ne correspond pas exactement à celle de bourreaux de travail) et tous les autres.
Testez-vous:
A. Vous réfléchissez souvent à la manière dont vous pourriez libérer plus de temps pour travailler,
B. Vous passez beaucoup plus de temps à travailler que vous ne l’aviez initialement prévu,
C. Vous travaillez, au fond, dans le but de réduire un sentiment de culpabilité, d'anxiété, d'impuissance ou de dépression,
D. Plusieurs personnes vous ont déjà conseillé (ou vous conseillent) de réduire votre temps de travail mais vous ne les écoutez pas,
E. Vous devenez très vite stressé si vous êtes soudain dans l’impossibilité de travailler,
F. Vous faites passer votre travail loin devant vos activités préférées, vos loisirs, ou des activités physiques,
G. Vous travaillez tellement que cela a désormais des influences négatives sur votre santé.
Interprétation
Si vous avez répondu «souvent» ou «toujours» dans au moins 4 de ces 7 items, il faut vous rendre à la raison: vous êtes bien devenu un workaholic. Ce qui ne veut pas dire, bien au contraire, que vous ne souffrez pas d’autres formes d’assuétudes, à l’alcool et/ou au tabac; voire à d’autres substances psychostimulantes non autorisées par la loi française. Enfin, ce premier test du genre ne permet pas de faire la distinction entre l’addiction au vrai travail et à celui qui ne l’est pas vraiment...