Les jeunes allemands sont chaque année des centaines de milliers à passer au bistouri. Selon l'Association des chirurgiens plasticiens allemands, 10 % des interventions chirurgicales à visée esthétique concernent des patientes âgées de moins de 20 ans. Or l'Union chrétienne-démocrate (CDU) veut faire interdire aux mineurs les opérations de chirurgie esthétique qui ne sont pas indispensables sur un plan médical, rapporte le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. En cause: le risque élevé de conséquences psychologiques négatives lorsque la décision de modifier son apparence physique a été prise trop tôt chez la patiente.
«Même dans le cas d'une explication en bonne et due forme, il n'est pas garanti que le jeune soit conscient de la portée de sa décision», estime le parti majoritaire en Allemagne.
Sont visées en première ligne les opérations pour augmenter le volume des seins et les liposuccions. Les piercings et les tatouages ne sont par contre pas concernés. Aujourd'hui, une autorisation parentale suffit pour qu'un mineur puisse se faire opérer, rappelle le Spiegel Online.
C'est également le cas en France, où un projet de loi voisin a été déposé en 2010 à l'Assemblée nationale par la députée UMP Valérie Boyer. Il ne vise par contre pas à interdire, au motif que cela «engendrerait le tourisme de ces opérations vers les pays qui les autorisent», mais à encadrer l'accès des mineurs aux interventions de chirurgie esthétique par le biais de consultations préopératoires avec un psychiatre et un deuxième chirurgien.
Le projet de la CDU s'inscrit dans la nouvelle loi des droits des patients, sur laquelle planche actuellement le gouvernement allemand, et qui devrait entrer en vigueur début 2013. L'appellation «chirurgie esthétique», aujourd'hui entourée d'un flou juridique très favorable aux charlatans, devrait également être clarifiée et protégée.
La nouvelle loi prévoit également la création d'un fonds de dédommagement des victimes d'erreurs chirurgicales qui serait doté de plusieurs millions d'euros. Celui-ci devrait être financé par les assurés eux-mêmes et les médecins. Il permettrait notamment aux «ratés» de la chirurgie esthétique de pouvoir bénéficier rapidement d'une opération de chirurgie réparatrice, sans être obligés d'attendre la décision de la Justice pour obtenir réparation.