Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, a été retrouvé mort, nu dans sa chambre d’hôtel à New York, mardi après-midi, rapporte l’agence Reuters. Il avait 53 ans et les circonstances de sa mort sont encore inconnues.
Le directeur de Sciences Po était aux Etats-Unis pour une réunion des grands leaders d'universités, le «Global Colloquium of University Presidents»; il avait été invité par le secrétaire général des Nations unies. La police est actuellement sur place, informe l’agence Reuters. Une enquête a été ouverte car les «circonstances de la mort leur semblent suspectes». La chambre d'hôtel était «en désordre» a relevé le commissaire adjoint Paul Browne, ajoutant qu'à ce stade les enquêteurs«n'excluaient rien».
«Pour tous ceux qui enseignent, travaillent et étudient à Sciences Po, la disparition de Richard Descoings est une perte irréparable. En 16 années de direction, il a accompli une oeuvre extraordinaire qui a profondément transformé Sciences Po», ont déclaré dans un communiqué Jean-Claude Casanova, président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et Michel Pébereau, président du conseil de direction de l'IEP.
Réformes et controverses
Richard Descoings avait de fait transformé SciencesPo. Figure importante et controversée de l’éducation française, il avançait à coup de réformes fracassantes. «Descoings a développé une sorte de métaphysique de la réforme, écrivait Le Point en 2006. Attitude très exceptionnelle dans le monde universitaire, et inattendue de la part de cet énarque, conseiller d'Etat, formé dans la forteresse élitiste qu'est la Montagne- Sainte-Geneviève, à Paris».
Après avoir pris la tête de l’institut d’Etudes Politiques en 1996, l’homme qui avait commencé dans des cabinets de gauche avant d’épouser une femme de droite, avait fait grossir en nombre d’élèves mais aussi en rayonnement l’établissement de la rue Saint-Guillaume, créant notamment des filiales en province. En 2001, il lançait les conventions Sciences Po pour les ZEP (zones d’éducation prioritaires) permettant à des élèves de banlieues défavorisées d’accéder à l’établissement par des voies parallèles.
En 2009, il avait de nouveau suscité des débats avec son rapport sur le lycée. Nommé à la tête d’une mission sur la réforme du lycée par Nicolas Sarkozy, il préconisait notamment une revalorisation des filières technologiques et l’instauration de quotas dans l’enseignement supérieur (IUT ou bts) qui aurait réservé des places à ces élèves issus de filières non généralistes.
Fin 2011, c’est la volonté du directeur de supprimer l'épreuve de culture générale au concours d'entrée qui avait fait polémique. Il avait également été critiqué au sein de Sciences Po pour son salaire, dévoilé en 2011 : 27.000 euros brut par mois. A cette occasion, dans une interview à Libération, il défendait son bilan au sein de Sciences Po et demandait: «jugez-moi sur les faits».