Sur le site du Guardian, le journaliste et écrivain John Naughton explique pourquoi algorithmes, cryptographie et heuristique devraient figurer au plus vite dans les programmes scolaires. Les cours d’informatique tels qu’ils sont conçus aujourd’hui pousseraient selon lui les enfants à appréhender passivement les machines:
«Au lieu d’éduquer les enfants au sujet d’une des technologies les plus révolutionnaires de leur jeune vie, nous nous sommes bornés à les entraîner à utiliser des programmes obsolètes.»
Pourquoi cette erreur? L’auteur compare l’enseignement de l’informatique à celui de la conduite:
«Nous avons fait l’erreur de penser qu’apprendre à se servir d’un ordinateur est comme apprendre à conduire une voiture et, de la même manière que la compréhension du processus de combustion n’est pas essentielle pour devenir un bon conducteur, on en a déduit que comprendre le fonctionnement des ordinateurs n’était pas important pour nos enfants.»
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. John Naughton rappelle qu’à une époque les écoles britanniques avaient tenté d’enseigner l’utilisation de Logo dans les salles de classes, un logiciel permettant aux enfants d’appréhender les bases de la programmation (tout comme le fait Kodu aujourd’hui). Les établissement semblent cependant avoir vite baissé les bras, préfèrant revenir aux fondamentaux de l’utilisation de programmes comme Word ou Excel.
En janvier dernier, réagissant à une campagne justement lancée par le Guardian en faveur d’un changement drastique dans l’enseignement de l’informatique, le ministère de l’Education avait annoncé que les enfants allaient dorénavant avoir la possibilité de «bidouiller» eux-mêmes. Introduire une part de «faisocratie» (ou doocracy) chère aux hackers dans le modèle méritocratique, en quelque sorte.
Mais par où commencer? Si les enseignants reconnaissent la nécessité d’une réforme, ils font aussi remarquer que les premiers à avoir besoin de véritables cours d’informatique sont… les enseignants eux-mêmes. Comme le souligne le site WebProNews, très peu de professeurs en informatique savent réellement programmer.
Les choses semblent en tout cas commencer à bouger. Selon le New York Times, les cours du soir pour apprendre le code voient leur fréquentation s’envoler aux Etats-Unis. Pas pour devenir le nouveau Mark Zuckerberg ou faire partie de la nouvelle élite, mais simplement pour comprendre comment fonctionnent les choses.
En France, même si François Hollande n’était visiblement pas au courant, une nouvelle matière devrait voir le jour en 2013, mais seulement pour les lycéens préparant le bac S.