La science peut-elle nous aider à comprendre Mitt Romney? Dans le New York Times, le comédien et scénariste David Javerbaum utilise les principes de la physique quantique pour percer les mystères du candidat à l’investiture républicaine américaine, schéma savant à l’appui.
Au lieu de comparer l’ex-gouverneur du Massachusetts à une «ardoise magique» qu’il suffit de «secouer» pour «recommencer à zéro», comme l’a fait l’un de ses collaborateurs il y a deux semaines, il faudrait selon lui plutôt aligner le candidat sur le chat de Schrödinger (le fait de pouvoir être simultanément dans deux états apparemment opposés, mort et vivant par exemple).
D’après les principes de la «politique quantique» énoncés par le comédien, Mitt Romney correspondrait donc aux propriétés suivantes:
- La complémentarité. Sorte d’hermaphrodite politique, le candidat républicain est à la fois conservateur et modéré. A l’image du chat, impossible de déterminer sa tendance politique tant que l’on n’a pas soulevé le couvercle de la boîte.
- La probabilité. Les positions de Mitt Romney ne s’expriment pas sur un axe pour/contre, mais en probabilité, le républicain étant virtuellement capable de soutenir n’importe quel point de vue.
- L’incertitude. Impossible selon David Javerbaum de prévoir quelle sera la position future de Mitt Romney sur un point particulier, même en connaissant sa position actuelle.
- L’enchevêtrement. En Bob l’éponge de la politique, Mitt Romney absorbe la question qu’on lui pose, si bien que le fait même de lui demander quelque chose influence sa position sur un sujet.
- La non-causalité. Ce n’est pas parce qu’il a le plus de votes qu’il est considéré comme le candidat le plus susceptible de gagner, c’est parce qu’il est vu comme le favori qu’il récupère davantage de voix.
- La dualité. L’existence de Mitt Romney supposerait la possibilité de créer un anti-Mitt Romney (son adversaire Rick Santorum?). Mais leur mise en contact conduirait à l’annihilation des deux…
Si David Javerbaum affirme, dans l’introduction de son article, que la métaphore de «l’ardoise magique» est selon lui «inexacte», ses créateurs s’en frottent en tout cas les mains. Ramené subitement sous le feu des projecteurs, le jouet connaît un brusque regain d’intérêt et voit ses ventes exploser: +1.556% en une semaine, selon le site AdWeek.
Profitant de la situation, l’entreprise Ohio Art, à l’origine du produit, vient même de lancer une nouvelle campagne de publicité, affichant «sa fierté de faire l’objet d’un enjeu national».