Le niveau de bonheur d'un pays ne s'explique pas par sa richesse. Selon une étude de l’institut Ipsos réalisée auprès de 19.000 adultes dans 24 pays, les gens sont en moyenne plus heureux qu’avant la crise économique, indique The Economist. Ils sont 77% à se déclarer heureux, soit 3 points de plus qu’en 2007, dernière année avant la crise.
Les pays émergents dont la croissance est en augmentation rapide ne partagent pas le pessimisme des pays riches et industrialisés. La part des «très heureux» la plus importante au sein de la population se trouve en Indonésie, en Inde et au Mexique. Cette cohorte déjà importante des «très heureux» gagne 16 points en Turquie, 10 au Mexique et 5 en Inde. Autre surprise, la part des gens très heureux a augmenté au Japon de 6 points, malgré les conséquences du tsunami et de l’accident nucléaire de Fukushima.
En revanche, les taux de bonheur européens sont plutôt bas: seulement 11% des Espagnols et 13% des Italiens se disent très heureux. Le niveau de bonheur ressenti par les habitants d’un pays n’est donc pas lié au niveau de vie.
Mark Fischetti, sur son blog du site Scientific American, explique quels sont les facteurs responsables de ce sentiment de bien-être. Les organisations comme l’ONU ont longtemps étudié le bien-être des gens à partir d’un seul indicateur, le PIB.
«La logique étant que quand les gens atteignent un niveau de vie plus élevé, ils se sentent moins écrasés par les contraintes de la survie quotidienne et ont un meilleur accès à toutes sortes de biens, de la nourriture de qualité aux loisirs.»
Mais selon le chercheur Roly Russell, le capital humain (la scolarisation, la liberté de choix) et le capital naturel (la qualité des espaces naturels, l’accès à la nature) d’une nation ont plus d’influence sur la prédiction du bonheur que le revenu. Etudiant les variables qui ont le plus d’impact, Russell conclut que les facteurs financiers expliquent seulement la moitié du taux de bonheur dans les différents pays, alors que les facteurs humains et naturels sont responsables pour chacun des deux tiers de la variabilité. Et selon ses recherches, c’est le Costa Rica qui détient le record de satisfaction mesuré dans 123 pays.
«Nous ne pouvons améliorer notre compréhension du développement simplement en améliorant l’indicateur du PIB», estime Roly Russell.
Bien que mesurer les facteurs humains et naturels soit plus difficile, ce sont peut-être ces indicateurs qui sont les plus importants: «Le chemin qui mène au bonheur d’un pays passe peut-être par une priorité donnée au maintien et à la promotion des systèmes sociaux et de la nature, plutôt que par une focalisation sur la production matérielle», conclut le chercheur.