Les entreprises allemandes qui n'emploient pas que des jeunes ont une productivité plus élevée que les autres. C'est le résultat d'une très sérieuse étude menée par l'institut allemand ZEW, le Centre européen pour la recherche économique, dont les résultats ont été présentés le 21 février 2012 par la ministre allemande du Travail et des Affaires sociales, Ursula von der Leyen (CDU), et publiés sur le site de l'hebdomadaire Focus.
Selon l'étude, la productivité d'une entreprise augmente de 0,5% quand la part d'employés âgés de 45 ans à 50 ans augmente d'un point au sein d'une équipe. La ministre allemande s'est réjouie du fait que cette étude torde le coup à l'idée préconçue selon laquelle les jeunes seraient plus performants. «Nous vivons plus longtemps, les opportunités d'embauche augmentent –notre but est que le travail devienne aussi une normalité pour les gens au-dessus de 60 ans», a ajouté Ursula von der Leyen.
L'Allemagne est en effet le pays le plus vieillissant d'Europe, avec plus de 20 millions de retraités, rappelle Le Figaro. Une situation avec laquelle les entreprises doivent désormais composer: de plus en plus de salariés allemands ont aujourd'hui entre 50 ans et 65 ans. 7,7 millions d'entre eux exercent un emploi qui leur donne droit à une sécurité sociale. Dans les deux tiers des grosses entreprises familiales, cette tranche d'âge représente plus de 5% de la masse salariale. Et pour 15% d'entre elles, 20% de la main-d'œuvre.
Selon les statistiques du ministère du Travail allemand, plus de 40% des 60-64 ans avaient un job en 2010. L'année suivante, ce taux a augmenté de 2,4%, un des taux de croissance les plus forts d'Europe. Ursula von der Leyen interprète ces chiffres comme un «succès considérable».
Mais «rien que dans le groupe d'âge des 55-64 ans, nous avons 800.000 personnes qui ont un minijob», réplique Michael Sommer, chef de la DGB, la Confédération allemande des syndicats, cité par le quotidien Frankfurter Rundschau. Ce type d'emploi très précaire, un temps partiel contraint rémunéré environ 400 euros par mois, n'ouvre droit à aucune prestation sociale.
Une telle étude en France pourrait aider à faire changer les mentalités. Le tribunal d’Albertville vient de condamner l’Ecole du ski français pour discrimination à l’âge parce que celle-ci avait imposé une réduction des activités à ses moniteurs de plus de 60 ans.