Le «dog-whistling» vous connaissez? Le terme revoie au sifflet à ultra-son utilisé pour appeler un chien. Mais en politique américaine, l’expression s’apparente plutôt à un «message codé», à l’utilisation de sous-entendus visant une catégorie particulière de la population. Une technique souvent utilisée pour faire passer des messages racistes qu’on ne peut pas lancer de manière explicite dans le débat.
A ce petit jeu, les républicains se montrent particulièrement doués. Un article du site Bloomberg analyse la multiplication des déclarations racistes des candidats à l’investiture, ainsi que des animateurs télé et radio conservateurs.
Newt Gingrich, le principal adversaire de Mitt Romney, arrive largement en tête. Le très conservateur candidat avait proposé que les enfants noirs puissent travailler en tant que gardiens («janitors») dans les écoles. Une idée brillante selon un prêtre californien, qui ajoutait qu’ils devaient «être renvoyés dans les plantations» afin «d’apprendre ce que c’est que de travailler».
Quelques jours plus tard, l’ancien président de la Chambre des représentants récidive: au cours d’une émission organisée par Fox news et le Wall Street Journal, deux médias très républicains, il qualifie Barack Obama de «food-stamp president», c’est-à-dire de président qui a fait exploser le nombre de personnes ayant droit aux bons alimentaires, constitué en grande partie de populations noires pauvres. Un «assistanat» intolérable pour Newt Gingrich. Les 46 millions d’Américains qui vivent grâce à ces aides, soit 15% de la population, apprécieront la démarche.
De Rick Santorum avertissant qu’il ne veut pas «améliorer la vie des noirs en leur donnant l’argent des autres», à l’animateur radio Rush Limbaugh pour qui le couple Obama serait persuadé d’avoir droit à «un train de vie sompteux du fait de ce qui a été fait à [leurs] ancêtres», les préjugés racistes parsèment la primaire républicaine.
Résultat: «L'élection présidentielle sera la plus dominée par la notion de race dans l’histoire récente», s'inquiète l'auteur. Selon lui, les «provocateurs de droite se sont rendus compte que les électeurs se sont habitués aux accusations de racisme.» Décomplexés, ils auraient ainsi tendance à surenchérir sur ce thème.
Mitt Romney apparaît plus modéré sur ce terrain. Mais l’Eglise mormone, dont il fait partie, ne comprend que 1% de noirs, une population qu’elle a longtemps décrite comme descendante de Caïn, le premier meurtrier de l’histoire biblique. Un passé qui, cumulé à l’ambiance raciste de la campagne, pourrait porter préjudice à Mitt Romney s’il est investi candidat républicain.