Le Disneyland américain se décoince un poil, relâchant en douceur son code vestimentaire légendaire –appelé le «Look Disney», c'est l'un des plus stricts du monde de l'entreprise– pour autoriser ses employés à se laisser pousser la barbe.
Jusque-là, explique le Los Angeles Times, ils avaient le droit à une moustache mais, à partir du 3 février 2012, ils auront également la possibilité de se laisser pousser une barbe ou un bouc tant que les poils ne dépassent pas 6 millimètres (autrement dit, les sept nains ne trouveraient toujours pas de travail à Disney, à part l'imberbe Simplet).
Une porte-parole de Disney a expliqué cette décision dans un communiqué:
«Même si nous faisons attention à maintenir notre héritage et l'intégrité de notre marque, nous avons décidé après un examen récente de nos règles qu'il était temps de les actualiser.»
Les règles du code vestimentaire Disney interdisent toujours les tatouages visibles, les piercings sauf les oreilles percées pour les femmes et les coupes de cheveux «extrêmes» ne sont toujours pas autorisées, ainsi que les «soul patch», un style de pilosité faciale relativement répandu aux Etats-Unis où les poils poussent juste en dessous de la lèvre inférieure, sans descendre jusqu'au menton.
Sur son site, Disney détaille les caractéristiques de son «look»: «propre, naturel, soigné, professionnel», que ce soit pour les employés costumés ou non. Par ces termes il faut comprendre: pas de lunettes trop colorées, la tête rasée acceptée pour les hommes mais pas pour les femmes, des teintures seulement si elles sont de couleurs naturelles, des ongles courts et propres pour les hommes, naturels ou avec un vernis neutre pour les femmes (pas de noir, doré, argenté, multicolore ou fluo).
Jusqu'en 2010, les femmes étaient obligées de porter des collants sous leur jupe et n'avaient pas le droit aux débardeurs. Aujourd'hui, les bretelles de ceux-ci doivent mesurer au moins 7,5 centimètres de large.
Les employés de Disney sont appelés des «cast members», un terme normalement employé au cinéma ou au théâtre pour désigner les acteurs. Autrement dit, explique un spécialiste du parc d'attraction au Los Angeles Times:
«Ils organisent un casting de personnages plutôt qu' une embauche d'employés. Si la personne qui conduit le bus ressemble à un rockeur punk, ça ne correspond pas au spectacle qu'ils essayent de monter.»
L'assouplissement du code s'appliquera-t-il aux «cast members» de Disneyland Paris? En 1997, une socio-anthropologue qui avait étudié le parc Euro Disney évoquait en tout cas le «look Disney», qui s'appliquait aux employés dans le parc mais aussi dans les bureaux et ateliers, notant que «parmi les critères d'une bonne performance se trouve l'apparence, c'est-à-dire la conformité à l'image Disney et l'employeur entend, pour le moins, donner à ces normes une valeur obligatoire».
Elle expliquait que ce code, teinté d'un «certain puritanisme, tout débordement vestimentaire cadrant mal avec l'objectif éminemment familial», avait été «à l'origine d'un conflit entre la culture de la société (française) et celle de l'organisation» américaine, un manager assistant reconnaissant par exemple avoir failli ne pas signer chez Disney à cause de cette obligation.