La récente signature de la star française Nicolas Anelka pour le club chinois de Shenhua, qui compte aussi réussir à recruter Didier Drogba, a suscité de nouveaux espoirs à propos de l’avenir du football dans le pays. Mais The Economist joue les rabat-joie dans un long article consacré au développement du ballon rond dans le pays le plus peuplé de la planète: s’il y a bien un domaine où l’on peut être sûr que la Chine ne dominera pas le monde dans un futur proche, c’est le football, écrit en substance l'hebdomadaire britannique.
La Chine, tout le monde s’accorde à le dire, est encore une nation mineure du football: elle ne s’est qualifiée qu’une seule fois pour une phase finale de Coupe du monde, en 2002, et n’a pas réussi à marquer lors de ses trois matches. L’équipe nationale n’a jamais gagné le moindre match aux Jeux olympiques non plus.
Selon l’enquête de The Economist, et de l’aveu même d’un fonctionnaire chinois, le football est en fait l’exemple parfait de tout ce qui ne fonctionne pas dans le système chinois. Le modèle sportif soviétique, contrôlé par le parti et centralisé, a prouvé son efficacité dans les sports individuels lors des Jeux olympiques de Pékin, où la Chine a gagné plus de médailles d’or que n’importe quel pays, mais se révèle terriblement inefficace pour réussir à faire jouer onze footballeurs ensemble. La liste des problèmes est longue: mauvaise détection des jeunes talents qui sont dirigés vers d’autres sports, peu de médailles d’or potentielles (une seule compétition internationale à gagner)...
Mais le plus grand frein au développement du sport est sans conteste la corruption et les matches truqués, qui sont souvent acceptés comme faisant partie intégrante du sport. Un système opaque orchestré par la fédération, où les arbitres et les joueurs faussent des matches, et où l’on peut acheter sa place en équipe nationale.
La corruption et les mauvais résultats font que les parents, même si beaucoup sont passionnés, n’encouragent pas leurs enfants à se mettre au foot, alors que le basket par exemple s’est exporté de manière agressive à travers la NBA, qui a tout misé sur la popularité de la star Yao Ming. Et The Economist de conclure:
«Après plus de 2.000 ans, la Chine attend toujours sa première star nationale de football. Malgré sa capacité spectaculaire à trouver des solutions à ses problèmes dans d’autres domaines de compétition, la quête de gloire de la Chine risque de durer encore longtemps en football.»