Ce n'est pas la plus connue des agences de notation, mais Egan-Jones a bien dégradé la note de l'Allemagne, de AA à AA-. Comme l'explique CNBC, c'est en partie à cause de l'investissement financier de l'Allemagne dans le Fonds de Secours Européen que cette petite agence américaine a commis ce crime-de-lèse majesté que ni Standard & Poor's (qui avait notamment dégradé la note de la France la semaine dernière), ni Moody's, ni Fitch n'avait «osé».
Pourtant, comme le rappelle Stephen L. Bernard sur le blog MarketBeat du Wall Street Journal, l'Allemagne reste l'un des pays leaders de l'Union Européenne en partie grâce à un taux de chômage relativement faible (5,5%)
Sean Egan, co-fondateur de l'agence, justifie cette dégradation dans une interview pour Forbes par une baisse de la qualité de crédit de l'Allemagne, couplée à l'augmentation de son ratio dette-PIB. Ratio qui, lorsqu'il est supérieur à 90% comme cela risque d'être bientôt le cas en Allemagne, peut représenter un poids pour la croissance économique.
Autre point de vue: sur le blog MarketBeat du Wall Street Journal, journaliste et économiste Anatole Kaletsky avance que c'est l'Allemagne elle-même qui serait responsable des malheurs de l'Euro. Il explique:
«l'Allemagne a été responsable de quasiment la totalité des mauvaises politiques mises en place par la zone Euro. Et si l'Euro échoue, ce sera parce que l'Allemagne a constamment bloqué les seules politiques qui auraient pu permettre de mettre la crise de l'Euro sous contrôle: des garanties européennes collectives pour les dettes nationales et une intervention à grande-échelle par la Banque Centrale Européenne».
Quel sera l'impact de cette nouvelle notation sur les marchés et sur l'Euro? Après l'annonce de la dégradation, il se situait toujours au dessus de 1,28 dollar. Et c'est surtout aux discussions sur l'effacement de la dette grecque que son cours est suspendu, explique Le Point.
L'agence Egan-Jones avait par le passé gagné en visibilité en raison de ses notations controversées: elle était la première, souligne Forbes, à avoir tiré le signal d'alarme à propos de Lehman Brothers avant les autres. C'est la dégradation d'une grande agence qui pourrait avoir un impact sur les marchés.
La Tribune explique que l'agence Fitch menace de dégrader six nouveaux pays de la zone Euro d'ici la fin du mois de janvier. L'Allemagne n'est pas dans la liste.