Culture

L'éducation à la française, enviée outre-Atlantique

Temps de lecture : 2 min

Les anglo-saxonnes vont finir par nous détester: après French women don't get fat (les Françaises ne grossissent pas) ou French women don't sleep alone (les Françaises ne dorment pas seules), un nouveau livre sort fin janvier en Grande-Bretagne et mi-février aux Etats-Unis, intitulé French children don't throw food (les enfants français ne jettent pas leur nourriture), comme quoi il n'y a pas que les mères chinoises qui ont leur livre.

Pamela Druckerman, une journaliste américaine qui vit avec son mari et ses enfants depuis plusieurs années à Paris, y raconte ses difficultés de mère face à la simplicité apparente avec laquelle les Françaises élèvent leurs enfants: tous ceux qu'elle connait «font leurs nuit à partir de deux ou trois mois alors que ceux de ses amis américains mettent un an ou plus à y arriver. Les enfants français mangent des repas complets qui ont plus tendance à inclure des poireaux braisés que des nuggets de poulet. Et alors que ses amies américaines passent leur temps à résoudre les petites disputes entre leurs enfants, ses amies françaises sirotent leur café pendant que leurs enfants jouent», détaille la 4e de couverture.

Comme le résume de façon humoristique The Observer, voici les règles de l'éducation à la française selon ce livre:

  • Mettre son enfant à la crèche de ses trois mois à ses trois ans 12 heures par jour, cinq jours par semaine, et retourner au travail. Il apprendra à être à la fois indépendant et sociable.
  • Apprendre à son enfant à dire «bonjour» à chaque fois qu'il voit un membre de la famille ou un ami («Un enfant qui ne dit pas bonjour est considéré comme un sauvage»), et à tendre la joue pour une bise quand on leur demande «même de personnes qu'ils ne connaissent pas».
  • Le repas est sacrosaint. «Toute main non utilisée doit être posée à plat sur la table. On ne crie PAS. On ne sort PAS de table sans demander. On ne balance absolument PAS de nourriture, spécialement de pain, qui a une importance quasi-religieuse».
  • «Ça suffit! est l'arme la plus efficace de l'arsenal parental français [...] Neuf fois sur dix ça met terme à une dispute, des plaintes ou un mauvais comportement», là où les anglo-saxons se contentent d'un «ça serait bien d'arrêter de faire ça, non?». Et la fessée le dernier recours, pour les quelques rares occasions où le «ça suffit» ne fonctionne pas.

Le journal a parlé avec une Française qui vit à Londres avec ses enfants et son mari, et pense elle aussi que les parents britanniques sont trop laxistes avec leurs enfants:

«J'étais chez une amie anglaise et son fils de 6 ans faisait résonner très fort le piano alors que nous essayions de parler. Sa mère a dit "Oui c'est très joli, mais moins fort", et il a juste continué. Je me suis dit qu'en France l'enfant aurait été trimballé à un autre bout de la pièce et forcé d'arrêter. La culture parentale britannique est très relax, alors que nous terrorisons nos enfants.»

Pour Docteur Caroline Thompson, une psychologue pour enfant basée à Paris mais née aux Etats-Unis et dont le père est anglais, les différences d'éducation viennent principalement de la façon dont les mères se voient:

«Les femmes françaises ne se définissent pas comme des mères, et ne veulent pas être définies comme telles. Pour les femmes américaines et britanniques, la maternité est devenue un évènement si important dans nos vies. [...] Face à son enfant qui tape sur un piano, une mère anglo-saxon se dirait "qu'est-ce que mon enfant ressent?" là où une mère française se demanderait "qu'est-ce que je ressens?"»

The Observer note que l'auteure a pris ses notes principalement sur «une certaine section de ce qu'on décrirait comme des familles de classe moyenne en anglais, ou des familles aisées en français», et pas à des familles pauvres qui ont du mal à élever leurs enfants, et qu'il est plein de généralisations et de stéréotypes.

Mais la thèse de Pamela Druckman ne repose pas non plus sur rien: une étude de mars 2010 a notamment montré que les mères de Colombus, dans l'Ohio aux Etats-Unis, trouvaient la maternité bien moins plaisante que les mères de Rennes.

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