En Ethiopie, l’«industrie» de l’adoption est florissante. Un grand nombre de «très jeunes enfants» sont «disponibles», les procédures ne sont pas trop longues mais les histoires d’abus, de distorsion et de corruption sont légion.
The Atlantic raconte l’histoire de «Mary» adoptée en 2008 par «Kelly», une infirmière d’Oklahoma. Trois ans plus tard, Kelly est arrivée à la conclusion que «Mary n’aurait jamais dû être proposée à l’adoption». «Exceptés deux noms, tous les documents étaient faux». On avait rajeuni Mary de deux ans, on lui avait attribué «une sœur aînée alors qu’elle en avait deux plus jeunes», et surtout on disait que «sa mère était morte plusieurs années auparavant». Or la maman de Mary était bien vivante. Il n’a pas fallu plus de deux jours pour qu’un «chercheur» spécialisé dans les adoptions et payé par Kelly la retrouve à 9 heures de route au nord d’Addis Abeba.
Kelly explique avoir effectué la démarche pour «vérifier que Mary n’avait pas été volée. Si cela avait été le cas je l’aurai “renvoyée en Ethiopie”», explique l'infirmière américaine qui s’apprête à emmener Mary revoir sa maman biologique en Ethiopie.
Comme souvent, c’est «localement» –bien avant que les autorités nationales ne donnent leur accord– que le dossier de Mary a été truqué. C’est le grand-père de Mary qui l’a «vendue» alors que sa mère était absente, partie travailler ailleurs dans le pays.
En 2009, un rapport révèle que sur 25 cas d’adoptions étudiés, une majorité d’entre eux sont «éthiquement» problématiques. Parents faussement déclarés inconnus ou morts, bébés retirés de leurs familles, ou bien encore enfants donnés dans l’espoir que les parents adoptifs soutiendront financièrement la famille biologique, trafics organisés par le personnel de plusieurs orphelinats, etc.
Dès mars 2010, l’Ethiopie avait «révoqué les licences de neuf orphelinats qu’elle accuse d’être mêlés dans des activités illégales de violations des droits de l’enfant» rapportait le blog Abandon et adoption. Et en 2011, le gouvernement a pris des mesures supplémentaires pour lutter contre ces dérives, en particulier en restreignant les quotas d’adoption à l’international.
Mais cette «industrie» lucrative devrait encore se poursuivre. Car l’Ethiopie «n’a pas signé la Convention de la Haye sur l’adoption». Faute de ce cadre juridique, certaines agences douteuses, et spécialisées dans l’adoption, peuvent continuer à faire prospérer leur business.
La réponse se trouve peut-être dans les pays d’origine des familles adoptives. Exemple rapporté par le Figaro: c’est parce que Haïti n’avait pas signé la Convention de la Haye –ce qu’elle a finalement fait le 2 mars 2011- que la France avait gelé toute procédure d’adoption avec ce pays. Les «garanties juridiques» (adoption pleinière difficile) dont pouvaient bénéficier les familles adoptives françaises avaient été jugées trop maigres.