Angela Merkel va-t-elle finir par se lasser? Après la démission du président de la République Horst Köhler en mai 2010, à la suite de propos polémiques sur l’Afghanistan, puis celle de son ministre de la Défense Karl Theodor Van Guttenberg, accusé de plagiat, c’est au tour de l’actuel chef de l’Etat allemand, Christian Wulff, de lui causer du tourment.
Occupant un poste essentiellement honorifique, les Français le connaissent peu. Les Allemands, eux, voient son visage tous les jours depuis deux semaines. Il s’agit en effet d’une affaire de financements occultes successifs, rappelle Focus:
«Au centre de l’affaire, il s’agit de l’achat, en 2008, d’une maison de 658 m2. (…) Le couple Wulff l’a financé grâce un crédit privé de 500.000 euros, octroyé par Edith Geerkens, la femme de l’homme d’affaires Egon Geerkens. Des amis de longue date du couple présidentiel.»
Seulement, ce n’est pas la seule largesse dont Wulff semble avoir bénéficié ces dernières années. En 2007 par exemple, un autre ami entrepreneur, Carsten Maschmeyer, aurait financé de sa poche la promotion du livre de Wulff, écrit dans le cadre de sa campagne électorale dans le Land de Basse-Saxe, dont il a été élu président en 2008.
Mais concernant l’achat de sa maison, en quoi a-t-il enfreint la loi? En fait, l’accusation est directement liée à la législation de son Land, apprend-on sur le site d’Arte:
«La loi sur les ministres du land de Basse-Saxe interdit aux responsables politiques d’accepter tout cadeau ou gratification dans le cadre de leurs fonctions. (…) le président de la République a fait publier une liste qui établit qu’entre 2003 et 2010, il a passé six séjours de vacances, en tant que chef de gouvernement régional, chez des amis en Espagne, en Italie, en Floride et sur l’île de Norderney, au nord de l’Allemagne.»
Alors, démission? Pas vraiment, a-t-il annoncé jeudi 22 décembre dans un discours d’excuses, à l’issue duquel Angela Merkel a confirmé son soutien au président Wulff, raconte le quotidien de gauche Die Tageszeitung:
«Elle a clairement fait savoir qu’elle souhaitait que Wulff reste en fonction. Depuis le début de l’affaire, elle s’est exprimée trois fois, en lui renouvelant son “entière confiance”. Son porte-parole a dit que ce qu’il n’y avait rien à ajouter à ses mots.»
Wulff a avoué qu'il aurait dû reconnaître le prêt d'immobilier plus tôt, et a admis réaliser à quel point «l'arrangement de financement privé était irritant» pour le public. Puis, lit-on dans la FAZ, Wulff a annoncé une mesure: le licenciement son porte-parole.
«Le président n’a pas donné la raison de cette décision personnelle et a tout de même remercié Glaeseker pour leur longue collaboration.»