Certes le crime organisé a toujours été très présent en Russie. Mais est-ce que la mafia bénéficie maintenant de la protection de l’Etat? C’est la question que pose le Financial Times dans une longue enquête sur les évolutions des groupes mafieux en Russie depuis l’écroulement de l’Union soviétique et l’arrivée du capitalisme dans le pays.
Pour Maxim Gladki, journaliste indépendant qui s’intéresse depuis longtemps au monde du crime organisé en Russie, les meurtres liés à la mafia sont moins nombreux qu’au début des années 1990, au temps où être «voleurs dans la loi» était une quasi religion, et où les bandes rivales se faisaient une guerre acharnée et violente.
Maintenant, les chefs se sont plus ou moins rangés, ils profitent du capitalisme et sont pour la plupart devenus des hommes d’affaires ou des «bureaucrates à col blanc» fréquentant juges et hommes politiques corrompus.
Ils sont par ailleurs tellement influents dans les milieux dirigeants qu’un document diplomatique américain révélé par Wikileaks fin 2010 parle d’«Etat mafieux», où «on ne peut pas faire la différence entre les activités du gouvernement et celles des groupes criminels».