Les jeux vidéo actuels se veulent une reproduction fidèle des environnements de guerre, à l'exception de la présence des civils –la guerre contemporaine tue pourtant plus de civils que de militaires. Cette volonté de réalisme reste toutefois limitée tant que leurs concepteurs ne prendront pas en compte le droit de la guerre.
C'est ce constat qui a été dressé au cours d'une réunion de la 31e conférence du comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge appelant à l'intégration des règles du droit international humanitaire par les développeurs de jeux vidéo, raconte le site d'informations spécialisé Kotaku.
«Alors que l'organisation cherche à promouvoir de manière vigoureuse le droit international humanitaire dans le monde, il se pourrait qu'il y ait près de 600 millions de joueurs qui le violent», estime dans un communiqué de presse la Croix-Rouge, qui a, un instant, furtivement réfléchi à de possibles poursuites contre les joueurs les plus actifs, en abandonnant l'idée d'une résolution par la suite, faute de moyens juridiques et techniques.
Cette idée avait déjà été soulevée dans un rapport de 2009 d'une organisation suisse, TRIAL qui affirmait que «les jeux ne pouvaient pas être des zones de non-droit» où les joueurs peuvent être incités à tuer des combattants non-armés ou à recourir à la torture. «Ce serait une occasion perdue si l'espace virtuel donnait l'illusion d'une impunité pour la violences sans limites dans des conflits armés.» Dans le récent Call of Duty:Modern Warfare 3, le joueur doit recommencer sa mission s'il tue un civil, raconte Mashable, ce qui peut responsabiliser le joueur.
Si la convention de Genève, principale base juridique du droit de la guerre après la Seconde Guerre mondiale, n'interdit pas de tuer, elle définit les règles de protection des personnes en cas de conflit, notamment les prisonniers de guerre. Par exemple, le site Activision estimait qu'en janvier 62 milliards de personnes virtuelles avaient déjà étés tuées et 242 millions de personnes blessées gravement dans le jeu Call of Duty:Black Ops.
Dans un article de Slate de 2009, Quentin Girard estimait que le jeu vidéo le plus éthique et le plus compatible avec les principes de la convention de Genève pourrait être Civilization 4 où il est possible de gagner en adoptant une «une posture strictement défensive» ou en nouant de nombreuses alliances pour remporter une victoire sur le plan diplomatique.
N'est-ce toutefois pas aller à l'encontre de ce qui a fait le succès des jeux vidéo? «Ce sont des aires de transgression où l'on joue avec les lois et ses pulsions agressives», rappelait Michael Stora, psychologue spécialiste des jeux vidéo.