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La journaliste de France 3 «effondrée» après son agression

Temps de lecture : 3 min

Capture d'écran
Capture d'écran

Deux femmes journalistes ont été agressées sexuellement au Caire jeudi 25 novembre. Caroline Sinz, journaliste de la chaîne de télévision France 3, a été «violemment frappée et victime d’une agression sexuelle» place Tahrir où elle effectuait un reportage, rapporte Le Monde. Elle raconte l’incident dans un reportage diffusé dans le journal télévisé de la chaîne:

«Des jeunes sans repères, ivres de leur nouveau pouvoir et qui n’ont plus aucune limite. Nous devenons soudain leur cible. Ils nous agressent car nous sommes journalistes, et surtout étrangers. Nous sommes jetés en pâture à une foule déchainée sur la place Tahrir.

Avec mon caméraman nous avons alors été frappés puis séparés. Très peu de femmes, surtout étrangères, se trouvent sur cette place Tahrir. J’ai été empoignée par plusieurs hommes et j’ai subi une agression sexuelle, au milieu de tout le monde, en plein jour.»

Une confusion et une violence dont on peut se rendre compte sur cette vidéo:

La journaliste parle du traumatisme de l’épreuve qu’elle a subi dans une interview à Télérama:

«Sur le moment, je n'ai pas voulu repartir, avoir l'air de céder. J'ai voulu que le reportage soit diffusé, j'ai raconté ce qui m'était arrivé. Comme si c'était quelqu'un d'autre. Mais ce matin, je me suis effondrée. J'ai mis mes lunettes, mon foulard, j'étais dans le lobby de l'hôtel. Je devais aller faire des examens de santé. L'idée de ressortir, de me retrouver en contact physique avec eux, de retomber peut-être sur les mêmes... c'est trop de stress.»

Le même jour, une journaliste américano-égyptienne, Mona Eltahawy, avait annoncé sur son compte Twitter qu’elle venait d’être relâchée par les forces de sécurité du Caire après 12 heures de détention, rapporte le Guardian. Plus tard un autre tweet de son compte @monaeltahawy révélait qu’elle a été physiquement et sexuellement agressée alors qu’elle était à l’intérieur du ministère de l’Intérieur au Caire:

«5 ou 6 m’ont entourée, ils ont tripoté et pincé mes seins, attrapé mes parties génitales, et j’ai perdu le compte du nombre de mains qui ont essayé d’entrer dans mon pantalon.»

Cette ancienne correspondante au Moyen-Orient de l’agence de presse Reuters, qui avait été saluée pour sa couverture de la révolution égyptienne au printemps 2011, a annoncé sur Twitter avoir passé près de 12 heures prisonnière des autorités du ministère de l’Intérieur et des représentants des services secrets. Elle précise qu’on lui a maintenu les yeux bandés pendant toute la durée de sa détention.

Reporters sans frontières a réagi à ces deux agressions en estimant que «les rédactions doivent en tenir compte et cesser momentanément d’envoyer des femmes journalistes en reportage en Egypte».

En février 2011, la journaliste sud-africaine de CBS News Lara Logan avait déjà été victime d’agression sexuelle place Tahrir le soir de la démission de Moubarak. A la suite de cette agression, Gilles Lordet, coordinateur de la recherche pour Reporters sans frontières, rappelait dans une tribune sur Slate.fr que les journalistes étaient particulièrement exposés au syndrome post-traumatique après des évènements auxquels ils n’étaient pas préparés:

«L'“effet de surprise”, dû au manque de préparation, joue un rôle essentiel dans la blessure psychique. Dans votre esprit persiste alors une image que vous ne pouvez pas assimiler, qui ne se réfère à rien de connu pour vous. Quelque chose ne passe pas. Vous avez fait l'expérience de la mort.»

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