Essaie-t-il de minimiser le racisme existant sur les terrains de football? C'est plus ou moins l'impression qu'a laissé le président de la Fifa, Sepp Blatter, interrogé sur CNN et Al-Jazeera au sujet de deux affaires qui frappent le championnat anglais de football.
La première concerne le footballeur uruguayen de l'équipe de Liverpool, Luis Suarez, qui aurait traité le français Patrice Evra, défenseur latéral gauche de Manchester United de «negrito» mais qui a d'ores et déjà annoncé qu'il plaidera non coupable auprès de la Football Association, soutenu par le manager de Liverpool Kenny Dalglish; la seconde implique une insulte que le défenseur de Chelsea, John Terry, aurait adressé au joueur des Queens Park Rangers, Anton Ferdinand, résume The Guardian.
«Il n'y a pas de racisme, mais juste un joueur face à un autre et peut-être un mot ou un geste déplacé», a-t-il déclaré sur CNN. «Mais la victime devrait se dire que ce n'est qu'un jeu et qu'à la fin du jeu, on se serre la main.»
Après ces propos qui ont (re)lancé l'énième polèmique sur le racisme dans le football, Sepp Blatter a voulu se défendre dans un communiqué de la Fifa ainsi que sur son compte Twitter:
«Mes déclarations ont été mal comprises. Ce que je voulais souligner, c'est que les joueurs de football se livrent bataille et parfois, les choses se font de manière incorrecte. Mais, normalement à la fin de la partie, vous présentez vos excuses à votre adversaire si cela a été rude durant le match. Vous vous serrez la main, et quand le match est fini, c'est fini.»
Des excuses qui n'ont pas manqué de faire réagir le frère d'Anton Ferdinand, et également footballeur star en Grande-Bretagne, Rio Ferdinand sur son compte Twitter:
«Je reste bouche bée d'entendre que le foot joue un rôle majeur dans la lutte contre le racisme... Je crois qu'au contraire, on est sur pause depuis pas mal de temps (...) Si les supporters entonnent des chants racistes mais nous serrent la main, alors c'est bon?»
Par ailleurs, certains responsables du monde du football ont appelé à la démission de Sepp Blatter comme Gordon Taylor, leader du syndicat des joueurs en Angleterre ou le tout nouveau ministre des Sports anglais, Hugh Robertson, sur la BBC.
Reuters rappelle que le Suisse Sepp Blatter accuse régulièrement les médias britanniques de l'accabler à chaque mauvais pas après que la Coupe du monde de 2018 a été attribuée à la Russie au lieu de la Grande-Bretagne, ces «mauvais joueurs». Par ailleurs, ce sont des médias britanniques comme le Guardian ou le Times qui révèlent régulièrement des affaires de corruption au sein de la direction de la Fifa.