Alors que le quatrième long-métrage d'Eric Toledano et Olivier Nakache, Intouchables a déjà réalisé plus de 5 millions d'entrées en deux semaines, porté par des critiques positives, le journal britannique The Guardian en parle et considère le film comme un portrait actualisé des banlieues françaises, qui est en passe de conquérir l'Amérique, après que le producteur Harvey Weinstein, également acheteur du film The Artist, en a racheté les droits.
«Le film est déjà en train d'être acclamé pour révolutionner la façon dont la société française se voit», écrit la correspondante du Guardian en France, Angélique Chrisafis.
Egalement interrogé, le fondateur du Conseil représentatif des associations noires en France (Cran), Patrick Lozès, affirme qu'«il y aura un avant et un après ce personnage (de Driss, interprété par Omar Sy, NDLR) dans le cinéma français».
Un tropisme de la banlieue qui détonne, pour autant, par rapport à l'ensemble des critiques qui ont été faites sur le film, insistant davantage sur le traitement du handicap et l'amitié transcendant les catégories sociales. «Intouchables met certes en scène Driss, un jeune homme issu d'une cité, mais ne dépeint que très peu le quotidien des banlieues», souligne Fluctuat.
Interrogé par Pascale Clark ce mardi 15 novembre sur France Inter, le co-réalisateur du film, Eric Toledano, confirme la dimension plurithématique du film. Intouchables pourrait être interprété comme «la rencontre entre deux peurs qui s'affrontent, la paralysie d'une certaine France face à la vitalité des banlieues» tout en considérant que le tabou de la banlieue est plus puissant en France que celui du handicap.
Dans un entretien au Monde, Omar Sy, qui vient de la même banlieue que l'humoriste Jamel Debbouze, Trappes, estimait que «plus que le Black, (il a) ce truc du mec de banlieue. J'ai beau essayer d'élargir, de tout faire pour ne pas être réduit à ça, ça ressort forcément».
Après la critique de Jean-Marc Lalanne des Inrocks qui considérait le film comme un «croisement inattendu de Joséphine Ange Gardien et du Service après-vente (court programme produit par l''un des acteurs du film, Omar Sy accompagné de Fred Testot, NDLR)», le quotidien Libération n'a pas hésité à toucher au film, comme le résume le titre de la critique signée par trois plumes, Gérard Lefort, Didier Péron et Bruno Icher, et pointe les clichés mis en oeuvre dans le film, «un aristo à foulard Hermès et un gaillard à gros bras en jogging Adidas». Ils épinglent également la dictature de la culture mainstream qui fait que le «film ne parle pas le français, il parle le TF1 en première langue et le Canal+ en option travaux pratiques».