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Aux Etats-Unis, la baisse du prix de la cocaïne réduit la criminalité

Temps de lecture : 2 min

Armes et sacs de cocaïne après une prise à Luebeck en Allemagne, le 8 novembre 2011. REUTERS/Fabian Bimmer
Armes et sacs de cocaïne après une prise à Luebeck en Allemagne, le 8 novembre 2011. REUTERS/Fabian Bimmer

Au début des années 1990, la plupart des villes américaines ont connu en même temps une baisse considérable de la criminalité. Pour le site The Atlantic Cities, ce phénomène n’est pas dû à des changements sociaux ou démographiques, ni à l’intensification de la lutte contre les trafics de drogue, mais plutôt à la baisse du prix de la cocaïne.

Steven D. Lewitt explique dans un article, Comprendre la baisse du crime dans les années 1990, que ce brutal changement, qui a mis fin à une longue période de hausse de la criminalité, a aussi étonné par son caractère inattendu. «La chute de la criminalité dans les années 1990 a touché toutes les zones géographiques et tous les groupes démographiques», affirme-t-il, et dans son livre Freakonomics, il ajoute:

«Ce n’était tellement pas prévu que beaucoup l’ont jugé illusoire ou temporaire bien après son apparition.»

Principale cible de la Guerre contre la drogue (War on Drugs) lancée par le gouvernement américain, le trafic de cocaïne a été un important vecteur de violence dans les années 1980 et a contribué à l’augmentation du taux d’assassinats qui a atteint des niveaux record de 1981 à 1991. Mais paradoxalement, alors que ce marché a continué de se développer, le nombre d’homicides et d’agressions a chuté d’un coup à partir de 1994.

A l’origine de ce phénomène: l’effondrement du prix de la cocaïne, qui atteint son niveau le plus bas la même année (147 dollars le gramme contre près de 600 dollars au début des années 1980 selon les données de la DEA, l’Agence de lutte contre le trafic et la consommation de drogues des Etats-Unis).

Pour l'Atlantic Cities, cette baisse des prix a deux causes. Tout d'abord l’intensification de la lutte contre la drogue n’a pas affecté l’offre: au cours des années 1990 la quantité de cocaïne importée n’a pas cessé d’augmenter. D’autre part au même moment, la concurrence s’accentue, une autre drogue qui se produit à moindre coût dans des laboratoires clandestins fait son apparition et devient très vite populaire, la méthamphétamine.

Ces deux phénomènes, à l’origine de la baisse des prix de la cocaïne, font que le trafic est beaucoup moins attractif pour les jeunes revendeurs. Les travaux de Sudhir Venkatesh sur les quartiers pauvres de Chicago [PDF]ont en effet mis en lumière le fait que ce sont les jeunes dealers au coin des rues, les plus bas dans la hiérarchie des gangs, qui subissent le plus la diminution des profits. La cocaïne faisant moins gagner d’argent, les jeunes sont moins attirés par les gangs, le trafic de drogue, et par toute la violence que les conflits entre gangs provoquent.

The Atlantic Cities note que la violence liée à la drogue vient de la concurrence entre trafiquants sur un marché qui n’est pas régulé. C’est pourquoi de nombreuses personnalités remarque le Guardian, notamment des économistes et hommes d’affaires, critiquent la guerre aveugle contre le trafic de drogues, et militent en faveur de la régulation. Dans un article pour Slate, Grégoire Fleurot explique d'ailleurs ce qu'une filière nationale du cannabis apporterait comme avantages en France.

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