1 mois, 64.000 dollars (environ 47.000 euros) et 9 observateurs, telles sont les particularités de la mission Gonuba (Groupe d’observateurs des Nations unies dans la bande d’Aouzou). Si elle n’a subi aucune perte, et n’en a infligé aucune, elle reste néanmoins célèbre pour être la plus petite et la moins chère des missions de l’ONU, explique The New York Times.
A titre de comparaison, la mission Minurca (Mission des Nations unies en République centrafricaine) a duré moins de 2 ans et a coûté 101 millions de dollars.
«Les frontières ne meurent jamais»
La bande d’Aouzou –située entre le Tchad et la Libye– est l’objet d’une querelle frontalière entre les Italiens installés en Libye et les Français occupant le Tchad depuis le début du XXe siècle. La zone renferme des ressources de pétrole et d’uranium, d’où cette convoitise exacerbée pour la contrôler. Le 7 janvier 1935, un accord franco-italien est signé entre Pierre Laval et Benito Mussolini, prévoyant la cession de ce territoire par la France à l’Italie, donc au territoire libyen. Traité finalement non ratifié en raison du ralliement de l’Italie à l’Allemagne nazie d’Hitler. En 1947, après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie renonce à toutes colonies. Et le Tchad, colonisé par la France, obtient son indépendance en 1960.
Mais comme «les frontières ne meurent jamais», rappelle The New York Times, le différend frontalier oppose dorénavant la Libye et le Tchad. Pour le colonel Kadhafi, cette partie du Tchad était un tremplin vers le centre de l’Afrique. Il envahit alors cette bande de terre en 1973, citant l’accord de 1935 qui, rappelons-le, intègre la bande d’Aouzou au territoire libyen. Et décide de l’annexer en 1976. Pour le Tchad, la seule frontière valable est celle émanant de la déclaration franco-britannique du 21 mars 1899 qui situe la bande d’Aouzou à l’intérieur du territoire tchadien. La guerre s’enlise, et aucune solution n’est trouvée. Puis, en 1989, après sa défaite militaire, la Libye se résout à accepter un règlement pacifique du différend. L’affaire est ensuite portée devant la Cour internationale de justice en 1993.
«La plus petite et la moins chère»
A ce titre, un Groupe d’observateurs des Nations unies dans la bande d’Aouzou est mis en place pour vérifier le départ de l’administration et des forces libyennes hors de la bande d’Aouzou, au Tchad, conformément à la décision de la Cour internationale de justice, comme le précise Opération paix. Créé le 4 mai 1994 par la résolution 915 du Conseil de sécurité, elle s’est terminée le 5 juin de la même année.
Selon le rapport du secrétaire général sur la Gonuba, «le groupe était chargé d’observer l’application de l’accord signé le 4 avril 1994 à Syrte (Libye) par les gouvernements du Tchad et de la Jamahiriya arabe libyenne sur les modalités pratiques d’exécution de l’arrêt rendu le 3 février 1994 par la Cour internationale de Justice. Il était demandé au titre de l’accord que l’administration et les troupes libyennes se retirent de la bande d’Aouzou et que des observateurs de l’Organisation des Nations unies constatent le caractère effectif de ce retrait».