La Chine ne lâche pas Weiwei. L’administration fiscale chinoise réclame 15 millions de yuans (1,7 million d’euros) à l’artiste dissident Ai Weiwei au titre d’impôts et d’amendes prétendument impayés par la société dans laquelle il travaille.
Après sa détention de 81 jours dans un lieu tenu secret (pour avoir critiqué la politique chinoise et soutenu le Prix Nobel de la paix Liu Xiabo), il aurait, selon l’agence officielle chinoise, avoué être coupable d'évasion fiscale, indique The Guardian
Ainsi, le célèbre artiste chinois –dont Slate avait fait le portrait et relaté l'arrestation– est à nouveau dans la ligne de mire du gouvernement. Cette fois, c’est par le prisme de la société –Beijing Fake Cultural Development Ltd.– où il officie comme designer qu’il est condamné.
Un délai de 15 jours lui a été accordé pour s’acquitter des 15 millions. Ai Weiwei précise qu’«il peut payer cette somme, mais qu'il a besoin de savoir pourquoi il doit le faire». Il dénonce vivement cette mainmise des autorités chinoises: «Si vous voulez heurter une personne, me heurter, pas de problème. Mais si vous entravez la loi, c’est le pays entier et tous ses habitants qui sont concernés», rapporte CBC News.
Comme l’observe Reuters, les défenseurs des droits de l’homme se sont empressés de dénoncer cette sanction: Songlian Wang, chercheur pour l’ONG Chinese Human Rights Defenders, ajoute que cette condamnation est une manœuvre supplémentaire pour museler l’opposition et souligne que «le gouvernement est prêt à détruire Ai Weiwei, si ce n’est pas économiquement maintenant, ils l’arrêteront plus tard pour avoir omis de rembourser ses impôts».
The Telegraph, citant Ai Weiwei, ajoute que «la Chine est un pays riche et puissant, mais un pays sans loi».
Nicholas Bequelin, enquêteur pour la division Asie de l’ONG Human Rights Watch, ironise sur la condamnation de Ai Weiwei en postant sur son compte Twitter: «Suggestions pour Ai Weiwei: 1. Encadrer le redressement fiscal. 2. Le dédicacer. 3. Laisser un riche collectionneur l’acheter pour le montant indiqué.»
Le combat de dissident de Weiwei fait écho à celui d'un autre opposant chinois, Hu Jia, qui vient d’être rappelé à l’ordre pour ne pas avoir suivi les recommandations des autorités, et qui se trouve dès lors menacé d’une «détention administrative», précise France 2.