Au lendemain du sommet de Bruxelles sur la crise grecque, le correspondant de Libération dans la capitale belge, Jean Quatremer, a imaginé deux fictions sur l’avenir de l’Union dans dix ans, en 2022.
La première imagine la mise en place en Grèce d’une «junte militaire» dirigée par le général Charilaos Pangalos. Après des faillites en cascade chez les banques et les caisses de retraite fin 2011, des élections anticipées ramènent au pouvoir les conservateurs de Nouvelle démocratie et conduisent à la sortie de la Grèce de l’euro et de l’UE. D’où une contraction de 40% du PIB et des émeutes qui poussent «les grandes familles grecques» à demander «à l’armée de prendre le pouvoir» et à un coup d’Etat en 2014… Pendant que l’ensemble des pays de l’UE reviennent aux monnaies nationales et aux barrières douanières et que l’Allemagne, isolée, «commence à augmenter le budget de son armée»…
Le second scénario imagine l’élection comme président de la République en France, en 2022, sur «un programme de relance» inspiré par Henri Guaino, de Jean-François Copé, après deux mandats de François Hollande (à noter que les deux sont chroniqueurs à Slate). Le nouvel élu se heurte tout de suite au président de la zone euro, Jens Weidmann, ancien président de la Bundesbank. Ce dernier a été élu au suffrage universel en 2014, à la suite de l’adoption par les dix-sept pays de la zone euro d’un traité rédigé en septembre 2012 par une assemblée constituante, prévoyant notamment un contrôle renforcé sur les budgets nationaux.
L’avenir de la zone euro inspire décidément les journalistes à écrire de la fiction. L’été dernier, Le Monde avait publié une série en douze épisodes signée du pseudonyme Philae, Terminus pour l’euro, imaginant notamment une faillite de la Société générale et du Crédit Agricole. La banque verte avait réagi en envoyant une lettre de protestation au quotidien.
Des rumeurs circulant sur les marchés et les réseaux sociaux et démenties par les intéressés avaient par ailleurs affirmé que le quotidien britannique Mail on Sunday avait mal interprété ce feuilleton en écrivant, dans un article du 7 août, que la Société générale était «au bord du désastre». Trois jours plus tard, l’action de la banque avait perdu 14,74% en une séance.