Qui aurait cru que certaines communautés sikhs installées depuis quelques années dans le nord de l’Italie seraient derrière la survie de la célèbre industrie du parmesan? C’est pourtant ce que nous apprend une dépêche de l’AFP à travers l’histoire de Manjit Singh, un Sikh de 34 ans originaire de la région du Penjab en Inde et qui est arrivé à Zibello en Italie il y a maintenant 7 ans.
On le sait, de nombreux Indiens ont migré en Europe et dans d’autres pays loin de l’Inde à la recherche d’emplois et de situations plus intéressantes. Pourtant les histoires de certaines communautés bien précises, et notamment celle des 25.000 Sikhs de la plaine du Pô, sont assez peu connues.
Depuis plus de vingt ans selon le New York Times, de nombreux habitants du Penjab en Inde sont venus s’installer dans les régions agricoles du nord de l’Italie, souvent pour travailler dans les fermes, et dans la production de produits laitiers et de fromage. Cette histoire, c’est aussi l’histoire de Manjit Singh, père de deux enfants et bientôt d’un troisième, devenu artisan fromager dans une fabrique familiale de Zibello.
Les laiteries absorbent une énorme quantité de ces travailleurs Sikhs, durs à la tâche, et certains comme Manjit se sont hissés à des fonctions-clefs dans ce secteur symbole de la gastronomie italienne.
Graziano Cacciali, propriétaire de l’usine où travaille Manjit Singh, l’a engagé en 2004 et se dit très satisfait d’avoir enseigné à cet Indien un art que les Italiens ne veulent plus apprendre:
«Il n’y a plus du tout d’Italiens dans cette industrie. Il faut travailler de longues heures (de 6h00 à 20h00 avec une pause à mi-journée de quatre heures environ), le week-end, les jours fériés, chaque jour de l’année. […] Les jeunes ne veulent plus faire ce type de boulot, les Italiens ont de l’argent maintenant.»
Les Sihks travaillant dans l’industrie laitière et fromagère sont désormais devenus une main d’œuvre essentielle, à tel point que le secteur pourrait presque disparaître s’ils décidaient de se mettre tous en grève selon le New York Times. «Je ne sais pas si la production s’arrêterait, mais cela engendrerait beaucoup de difficultés», concède Simone Solfanelli, le président du bureau de Coldiretti à Crémone en Lombardie, l’une des plus importantes organisations agricoles d’Italie. «Je peux vous le dire ils sont indispensables à l’agriculture», ajoute-t-il.
L’AFP explique que les Sikhs sont patients avec les vaches, qui ne sont pas sacrées dans leur religion mais très respectée comme partout en Inde. Dans une coopérative d’élevage proche de Novellara, spécialisée dans la production de lait pour le parmesan, la moitié des ouvriers sont des Sikhs. Pour Stefano Gazzini, responsable de l’étable de la coopérative, les Sikhs sont de bons travailleurs:
«Ils sont plus impliqués dans leur travail et ils semblent s’être bien intégrés à notre communauté: ils ont même leur propre temple.[…] Nous avons vraiment de la chance d’avoir trouvé des étrangers qui viennent traire nos vaches, sinon nous n’aurions personne pour le faire.»
En raison des investissements qu’il devrait faire, Manjit Singh ne peut pas pour l’instant reprendre la fabrique de Graziano Cacciali, mais lui et sa communauté représente déjà le salut d’un fromage connu dans le monde entier, et que beaucoup désespéreraient de ne plus avoir dans leurs pâtes.