Après plus de dix heures de sommet (que vous pouvez revivre à travers ce direct passionnant et plein d’humour du Financial Times), les dirigeants de la zone euro sont parvenus dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 octobre à un accord sur la restructuration de la dette grecque, l'accroissement des capacités du Fonds européen de stabilisation financière (Fesf) et la recapitalisation des banques.
Il prévoit de ramener la dette grecque de plus de 160% du PIB actuellement à 120% en 2020, un niveau jugé supportable par les autorités européennes mais qui reste le double de la limite fixée par le traité de Maastricht.
Pour ce faire, les gouvernements de la zone euro contribueront à hauteur de 130 milliards d'euros à travers le Fesf, sous forme de prêts, alors que les banques devront effacer 100 des 210 milliards d'euros de dette grecs qu'elles détiennent. En d’autres termes, l’accord prévoit que les banques abandonnent la moitié de la dette grecque.
Deuxième grande mesure accouchée du sommet, l’augmentation des capacités du Fesf, l’institution créée dans l’urgence le 9 mai 2010 pour venir en aide aux pays en difficulté. Il disposera désormais de 1.000 milliards d’euros, contre 440 milliards d’euros à sa création et environ 250 milliards actuellement, après avoir renfloué le Portugal et l’Irlande.
Nicolas Sarkozy compte à ce sujet appeler le président chinois Hu Jintao pour demander une participation de son pays, bien que la Chine ait récemment fait savoir qu’elle ne voulait pas s’impliquer dans le Fesf.
Dernière décision, plus attendue: la recapitalisation des banques à hauteur de 106 milliards d’euros pour atteindre un ratio de fonds propres de 9% d’ici au 30 juin 2012, dont 8,8 milliards d’euros pour les banques françaises, 5,2 milliards pour les banques allemandes, 30 milliards pour les banques grecques, 26 pour les espagnoles et près de 15 milliards pour les établissements italiens. Pour Arnaud Leparmentier du Monde:
«Aide-toi le ciel t’aidera, c’est le leitmotiv. Les banques sont invitées à trouver des capitaux sur les marchés, à réduire leurs dividendes et leurs bonus.»
Si Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Nicolas Sarkozy ou encore la chancelière allemande Angela Merkel se sont tous félicités du résultat des négociations, l’accord ne fait pas l’unanimité. Reuters écrit:
«Complexe, bancal, truffé de points d'interrogations et sans doute incomplet, cet accord n'en demeure pas moins le plus ambitieux trouvé par les chefs d'Etat et de gouvernement de la monnaie unique depuis l'éclatement de la crise de la dette, en Grèce, fin 2009.»
Le Wall Street Journal rappelle quant à lui que de tels sommets se finissent rarement sans un accord positif entre les dirigeants, mais qu’il va encore falloir négocier pendant des semaines les détails.
Sur le blog Démystifier la finance du Monde, le banquier Georges Ugeux estime qu’avec cet accord, «l’Europe décide de faire payer les autres [les banques] et se lave les mains de ses responsabilités», arguant que les Etats européens ne paient «pas un euro pour restructurer la dette grecque avec leurs deniers» alors qu’ils sont responsables «des gestions lamentables des finances publiques européennes par les gouvernements européens».
Les bourses européennes ont ouvert en forte hausse jeudi matin.