Banquier à la retraite et ancien vice-président du New York Mercantile Exchange, Robert S. Halper est un homme qui compte à Wall Street. Il est aussi un supporter de longue date du magazine canadien anti-consumériste Adbusters dont les écrits ont été une des origines du mouvement «Occupy Wall Street», titre auquel il a versé près de 70.000 dollars au cours des vingt dernières années, raconte le New York Times.
Un mois avant le début des protestations, ce sont 20.000 dollars qu'il donne au collectif activiste. Depuis, il est un visiteur quotidien du Zuccotti Park, l'«endroit le plus cool de New York» pour discuter avec les manifestants, auxquels il omet de mentionner son rôle financier. Après tout, il se décrit comme appartenant aux 1%, contre lesquels la colère des 99% gronde depuis la mi-septembre. «La chose entière me semble très surréelle –le fait que j'ai passé toute ma carrière de l'autre côté de la rue.» «Cela me rend un peu anxieux, pour être honnête. On ne sait pas où ce mouvement va aller. Je prie juste pour qu'il se termine de manière pacifique», ajoute-t-il.
Quand le rédacteur en chef d'Adbusters, Kalle Lasn, lui a fait part de leurs plans d'occupation de Wall Street à la mi-juin en guise de canalisation du ressentiment de la gauche américaine qui prend exemple sur les révolutions arabes, il raconte avoir levé les yeux au ciel mais avoir quand même signé le chèque.
Robert S. Halper a également participé au financement de la campagne de Mitt Romney, favori de la primaire républicaine, à hauteur de 2.500 dollars. Une contribution curieuse quand on sait que le Tea Party, situé à l'aile droite du parti républicain, se dit opposé au mouvement «Occupy Wall Street» bien que les experts soulignent les points communs de ces deux mouvements sociaux anti-élites.
Près de 70% des New-Yorkais accordent toujours leur soutien aux manifestants. Toutefois, les politiques, tant côté républicain que démocrate, n'ont pas encore adopté de positions claires à l'égard de ce mouvement, initialement critiqué pour l'incohérence de ses propositions et la diversité de ses composantes. D'autant plus que certains appartenant aux 1%, autrement dit les banquiers de Wall Street, commencent à répliquer, avec une pointe d'humour, à l'occupation de leur quartier général et lancent un appel à l'occupation de l'occupation de Wall Street.