Un groupe de hackers allemands, le Chaos Computer Club (CCC) vient de révéler au public que la police allemande utilise des logiciels capables de transformer des webcams ou des micros d’ordinateur en instruments de surveillance, nous apprend le New York Times.
Le groupe a en effet analysé les disques durs de personnes ayant été recherchées par la police allemande, et ont découvert que celle-ci utilisait un programme «cheval de Troie» afin de pénétrer le système de leurs ordinateurs, d’obtenir les mots de passe et d’activer à distance les webcams et micros. Selon le New York Times, cette méthode de surveillance outrepasse les pouvoirs de la police tels qu’ils ont été définis par le Tribunal constitutionnel fédéral allemand.
La condamnation publique, qui a été rapide et forte, remet au goût du jour le débat national sur l’intrusion de l’Etat dans la sphère privée. Peter Schaar, commissaire fédéral pour la protection des données, a encouragé le Bundestag, le parlement allemand, à faire disparaître cette «zone grise» entre la surveillance numérique légale et illégale:
«Pour moi, ce genre d’infiltration grâce à des logiciels représente une intrusion plus profonde et un risque plus grand que le simple fait d’écouter les conversations téléphoniques. Le Bundestag doit décider jusqu’à quel point une pratique de ce genre est autorisée.»
Le New York Times explique que les Allemands, en raison de leur expérience de la dictature sous le régime nazi, sont particulièrement sensibles à ce genre de questions. Depuis, le pays a mis en place une des lois les plus fortes dans le monde sur la protection des données privées, élevant ainsi le droit à une vie privée «numérique» au-dessus de toute ingérence publique.
Le Chaos Computer Club soutient que ce «cheval de Troie» aurait servi dans au moins deux régions, selon le site d’information du journal Spiegel. Mais il est difficile de savoir si ce logiciel conçu il y a environ trois ans, a été utilisé par les autorités nationales ou seulement fédérales. Le dimanche 9 octobre 2011, le ministre de l’Intérieur a affirmé que le BKA (le bureau fédéral de police criminelle), l’équivalent du FBI en Allemagne, ne l’avait en tout cas jamais exploité.
En Bavière, une des deux régions accusées, la police a déclaré avoir utilisé ce logiciel d’espionnage seulement pour surveiller les mails et les appels de suspects impliqués dans des affaires de vol, de fraude et de trafic de drogue. Elle a nié s’en être servi pour prendre le contrôle des ordinateurs et activer les webcams et les micros.
Pour les experts en sécurité, ce débat en Allemagne sur la protection des données numériques privées, aura de plus en plus souvent lieu dans le monde, à mesure que les communications passent davantage par des programmes cryptés comme Skype, que certains logiciels peuvent décodés.