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Quelle responsabilité américaine dans la torture en Afghanistan?

Temps de lecture : 2 min

Un policier afghan devant des prisonniers dans la ville de Lashkar Gah, dans le sud de l'Afghanistan, le 19 juillet 2007. REUTERS/Shamil Zhumatov
Un policier afghan devant des prisonniers dans la ville de Lashkar Gah, dans le sud de l'Afghanistan, le 19 juillet 2007. REUTERS/Shamil Zhumatov

Les détenus des prisons gérées par le service de renseignement et la police afghans sont systématiquement torturés, dévoile un rapport des Nations Unies (PDF) publié ce lundi 10 octobre.

Les agents onusiens ont interviewé plus de 300 suspects liés aux talibans, explique le New York Times, faisant de ce rapport le plus complet sur le système de détention afghan et sur un sujet qui préoccupe les ONG des droits de l'homme depuis un moment: les détenus subissent une «torture systématique» lors de leurs interrogatoires par des membres des forces de l'ordre afghans, qui ont été entraînés et financés par les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux.

Dans le rapport, un des détenus décrit un agent lui disant d'avouer ce qu'il a fait dans le passé en tant que taliban, ajoutant que «même les pierres avouent ici». L'homme a été battu pendant des heures pendant plusieurs jours, dont une fois avec des fils électriques, avant de signer une confession.

Le rapport ne dit pas si les reponsables américains sur place étaient au courant de ce qu'il se passait, mais vu à quel point cette pratique est généralisée, on peut s'interroger sur une potentielle complicité de ces derniers, et se demander s'ils se sont servis d'informations obtenues via la torture, analyse le New York Times.

Pendant qu'ils cherchaient à se désengager du pays, les Américains n'ont en tout cas pas regardé de trop près ce qui se faisait dans les centres de détention. Mais ce rapport risque de compliquer ce désengagement, et pourrait en plus déclencher l'application d'une loi américaine qui interdit les financements vers les unités afghanes responsables d'abus comme la torture.

Après avoir vu le brouillon du rapport, le commandant de l'Otan en Afghanistan a arrêté tous les transferts de prisonniers sur les sites visés –la convention contre la torture onusienne interdit le transfert d'un prisonnier à un autre Etat où il y a de fortes probabilités qu'il sera torturé–, et a commencé à enquêter.

Le gouvernement afghan n'autorise pas la torture, et à la lecture du rapport a déclaré le prendre «très au sérieux». Un groupe a été créé pour enquêter sur l'affaire, et plusieurs employés ont été licenciés.

Même si ces révélations sont choquantes, plusieurs personnes qui travaillent dans l'aide humanitaire depuis longtemps dans le pays ont rappelé que ce n'était pas aussi grave que sous l'occupation soviétique, à une époque où les détenus disparaissaient sans laisser trace.

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