Économie

Faut-il occuper Wall Street?

Temps de lecture : 2 min

un manifestant du mouvement Occupy Wall Street. _PaulS_ via Flickr CC License by

Après deux semaines d'existence, le mouvement Occupy Wall Street, qui s'insurge contre «le climat économique et politique actuel» et a donné lieu, samedi 1er octobre, à 700 arrestations à New York, continue de susciter une couverture mitigée dans les médias américains. Une couverture elle-même critiquée par certains observateurs qui la jugent biaisée en défaveur des protestataires ou trop maigre.

Sur le blog Freakonomics, le dirigeant de hedge fund et chroniqueur James Altucher critique ainsi le mouvement en estimant que Wall Street fait un «parfait bouc émissaire» et en cite d'autres: les politiques qui ont dérégulé, la Réserve fédérale, les emprunteurs eux-mêmes...

«Je suis perplexe, de qui est-ce la faute ? Et où vais-je "occuper" si je veux manifester ma colère? […] Il n'y a pas de bouc émissaire ici. Nous sommes tous ensemble dans cette situation et nous sommes tous (d'une certaine manière) fautifs. Plutôt que d'organiser des occupations, concentrons-nous sur les solutions.»

A l'inverse, le reporter de Rolling Stone Matt Taibbi, généralement très critique envers l'establishment financier, estime lui que «ces manifestations pourraient être très importantes juste en informant les gens du fait qu'il existe un conflit bien défini avec deux camps». Selon lui, il s'agit d'un premier pas vers d'autres actions comme «des boycotts de consommateurs et investisseurs, des révoltes d'actionnaires, des poursuites pénales, de nouvelles lois».

The Opinionator, un des blogs du New York Times, consacre une longue revue de presse au mouvement où il s'interroge notamment sur la différence de couverture médiatique dont a bénéficié une autre manifestation à Wall Street, celle de pilotes des compagnies aériennes Continental et United:

«Est-ce que c'était parce que leur tenue était si soignée? Ou était-ce plutôt une question de tactique, le fait qu'ils exprimaient clairement leurs revendications, faisaient connaître leurs vues et menaient leur mouvement de leur côté?»

Le site Mother Jones a lui listé plusieurs raisons pour lesquelles le mouvement n'est pas devenu «la nouvelle place Tahrir»: le manque d'un message clair (le site cite une «liste de Noël» allant de la fin de la peine de mort à la critique de l'impérialisme américain et des intimidations policières), des médias surtout anglés sur les brutalités policières ou le fait que le mouvement échoue pour l'instant à mobiliser au-delà des gens très politisés.

Cette couverture critique du mouvement est elle-même critiquée, par exemple par le site The Dissenter:

«Critiquer Occupy Wall Street est juste une façon pour les médias établis, l'élite au pouvoir et ceux qui partagent leurs vues de défendre leur idéologie, leur vision de la façon dont la politique est supposée fonctionner. C'est leur façon d'affirmer leur conviction qu'à un moment les enfants doivent quitter les rues et laisser les grands travailler en paix.»

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