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Le Congrès américain punit financièrement les Palestiniens

Temps de lecture : 2 min

le dirigeant de l'Autorité palestinienne brandit une copie de la demande qu'il vient de remettre à Ban Ki-moon le vendredi 23 septembre 2011. REUTERS/Mike Segar.
le dirigeant de l'Autorité palestinienne brandit une copie de la demande qu'il vient de remettre à Ban Ki-moon le vendredi 23 septembre 2011. REUTERS/Mike Segar.

Le quotidien britannique The Independent révèle que le Congrès américain bloque depuis la mi-août 192 millions de dollars (143 millions d'euros) d'aide destinés aux Palestiniens, en représailles contre la décision du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de réclamer la reconnaissance comme Etat par l'Onu et d'opérer une réconciliation entre son mouvement, le Fatah, et le Hamas:

«Le gel des fonds, qui devaient normalement être versés durant l'année fiscale qui se termine aujourd'hui [le 1er octobre, ndlr], est le signe le plus tangible pour l'instant du sérieux des menaces proférées par les leaders du Congrès de coupes encore plus substantielles dans l'année qui vient si M. Abbas poursuit ses actions auprès des Nations unies.»

Une information qui a été confirmée à l'AFP par des assistants de membres du Congrès, la décision n'ayant pas été publiée.

Dans un éditorial, le journal demande que cette manœuvre du Congrès soit «mondialement condamnée» car elle va affecter des «efforts vitaux pour bâtir un Etat» sur le plan de l'aide alimentaire, de l'éducation, de la santé ou des projets d'infrastructures. Il s'inquiète aussi, à un an de l'élection présidentielle, de l'impact que le vote de la communauté juive pourrait avoir sur l'attitude de Barack Obama envers le Congrès.

Les dirigeants palestiniens ont dénoncé une décision «injustifiable», une «punition collective». «Il est ironique d'être puni pour s'être rendu aux Nations unies», a déclaré un porte-parole de l'Autorité palestinienne. Selon The Independent, cette décision inquiète aussi au sein du gouvernement israélien, l'ancien Premier ministre Ehud Barak jugeant par exemple qu'elle menace la sécurité de son pays.

C'est aussi l'avis de Dylan Williams, un dirigeant du groupe de pression pro-paix américain J Street, qui a expliqué au quotidien israélien Haaretz que cette décision était dangereuse et ne ferait que renforcer le Hamas. Dans une tribune au même quotidien, l'ancien ministre des gouvernements Rabin et Barak Yossi Sarid s'inquiète du fait que les Etats-Unis viennent de tirer à la paix «une balle dans le pied».

Le 22 septembre, deux élus de haut niveau de la Chambre des représentants, le chef de file des républicains Eric Cantor et son homologue démocrate Steny Hoyer, affirmaient dans une tribune au quotidien New York Daily News que le Congrès ne resterait pas «passif» face aux initiatives de l'Autorité palestinienne et qu'une demande de reconnaissance en tant qu'Etat pourrait affecter l'aide financière débloquée par Washington. Le lendemain, Mahmoud Abbas effectuait cette demande, solution à laquelle les Etats-Unis préféreraient des négociations directes avec Israël, comme l'a souligné son ambassadrice à l'Onu Susan Rice:

«Quand tous les discours seront terminés aujourd'hui, nous devrons tous reconnaître que la seule voie vers la création d'un Etat passe par des négociations directes. Pas par des raccourcis.»

Article actualisé le 2 octobre avec les propos de Dylan Williams et Yossi Sarid dans Haaretz et la confirmation de l'information de The Independent par l'AFP.

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