L’expression des gènes pourrait bien être la nouvelle encre invisible, selon les résultats d’une recherche publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, rapporte Wired. Les chercheurs ont développé une technologie de cryptage, à partir d’un code associant couleurs et lettres, qui utilise des protéines fluorescentes pour délivrer un message.
Pour obtenir sept différentes couleurs de protéines fluorescentes, ils ont isolé sept souches de la bactérie E.coli et assigné une couleur à une série de lettres et chiffres. Ils ont ensuite disposé les souches retravaillées dans une boîte compartimentée, appelée boîte de Petri pour la mise en culture de micro-organismes, de manière à pouvoir en déduire un sens de lecture commun à celui d’un texte en anglais. Une fois modifiées, les bactéries ont été apposées sur un plateau de gélose, et du papier flash (ou nitrocellulose).
Pas besoin de chaleur pour décoder le message: le destinataire du message devra utiliser une certaine lumière et un antibiotique pour que le message apparaisse. Si l’antibiotique n’est pas le bon, un message différent apparaîtra:
«Vous avez utilisé le mauvais cryptogramme et le message est du charabia.»
Deux souches qui expriment une protéine fluorescente jaune pourraient indiquer la lettre T, par exemple. Un micro-organisme rouge associé à un vert pourrait représenter un I.
«C’est comme quelque chose que vous faisiez enfant quand vous mélangiez l’alphabet et les nombres pour envoyer un message. Nous l’avons juste fait d’une manière légèrement plus sophistiquée», explique David Walt, co-auteur de l’étude et professeur à Tufts University. L’étude a été financée par une organisation militaire, la Defense Advanced Research Projects Agency, qui souhaitait mettre au point une technologie qui ne serait pas électronique et facilement manipulable.
«L’idée est plutôt évidente –utiliser des couleurs en guise de code. Je suis surpris que personne n’y ait pensé auparavant», confie Mark Zimmer, chercheur au Connecticut College et spécialisé dans les protéines fluorescentes au site The Scientist. Toutefois, les auteurs de l’étude restent conscients de la fragilité de la technologie mise au point qui a recours aux fondamentaux de la biologie moléculaire. «La première chose qu’un hacker ferait serait de mettre en pièces la machinerie, donc il faudrait la rendre plus difficile», affirme un ingénieur, Ethan Heilman, au Scientist. C’est la raison pour laquelle David Walt pense à une temporalisation du mécanisme où la couleur des protéines changerait après un certain temps ou réfléchit à une auto-destruction des messages comme dans le film Mission Impossible.
Une nouvelle fonctionnalité donc pour les bactéries E.coli, qui ne sont pas seulement des bactéries tueuses.