Une série de révélations embarrassantes pour l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. The Telegraph revient sur le rôle qu’il a pu mener auprès de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2009 alors même qu’il était l’émissaire de la banque d’investissement JP Morgan. Employé comme consultant pour 2 millions de livres par an, Tony Blair lui avait rendu visite pour la négociation d’un important prêt entre l’Autorité libyenne d’investissement et un oligarque russe du secteur de l’aluminium, Oleg Deripaska en 2009. Une visite pour laquelle il avait emprunté au moins deux fois un jet Bombarbier Challenger 300 du régime libyen.
Sous couvert d’anonymat, un homme d’affaires qui traite régulièrement avec l’Autorité libyenne d’investissement, témoigne pour le Telegraph: «Les visites de Tony Blair étaient purement des visites d’un lobbyiste au profit de JP Morgan», comme en témoigne une lettre datée de 2008, que le Daily Mail a retranscrit, dans laquelle Tony Blair se vante de connaître «quelques projets en Afrique qui méritent considération».
Un conflit d’intérêt également dénoncé par le quotidien britannique, The Guardian, qui rappelle que l’homme politique est aussi le membre du Quartet pour le Proche-Orient. A ce titre, il aurait favorisé la signature d’un contrat de la compagnie gazière British Gas à Gaza et un contrat d’ouverture de fréquences radio avec la firme Wataniya en Cisjordanie.
Bassam Hannoun, à la tête de Wataniya, commente cette «contribution de Blair à Wataniya»:
«C’était une avancée conséquente. En novembre 2009, nous n’étions rien… et depuis nous nous portons merveilleusement bien. Nous possédons 23% du marché.»
Ces propos ont été recueillis dans le cadre d’un documentaire choc diffusé cette semaine sur Channel 4, «Le monde merveilleux de Tony Blair», au cours duquel sont examinés les liaisons dangereuses entre diplomatie et industrie.
Le documentaire pointe l’inexistence d’un code de bonne conduite au sein des Nations unies qui pourrait empêcher un tel comportement faisant de Tony Blair le plus riche des anciens Premier ministres britanniques, à la différence des députés qui sont tenus de remplir une déclaration d’intérêts.
The Telegraph rapporte également que Tony Blair, pour jongler entre ces différents rôles, a constitué une équipe solide composée d’«anciens membres du staff de Downing Street, des consultants de haut vol et un groupe de riches Américains de Wall Street et des administrations Bush et Clinton qui possèdent un solide réseau».
Le porte-parole de Tony Blair a pris sa défense. «Dans aucun des cas, M. Blair était au courant que JP Morgan était en contact avec ces compagnies. Il n’en a jamais parlé avec eux, ils n’ont jamais abordé le sujet en sa présence», a-t-il dit, tout en soulignant que ces deux contrats relevaient de «sa responsabilité de représentant du Quartet à œuvrer pour la construction d’une économie palestinienne».