Si même Ikea ne croit plus à l'avenir du livre... La marque de meubles suédoise a décidé de proposer une nouvelle version* de sa mythique bibliothèque «Billy» parce qu'elle s'attend à ce que celle-ci soit utilisée pour des «bibelots, bricoles et un ou deux beaux livres –bref tout sauf des livres faits pour être lus», rapporte The Economist.
La «Billy», c'est cette bibliothèque tout ce qu'il y a de plus basique que l'on peut notamment croiser dans tous les appartements étudiants vu son prix (35 euros!). Ikea promeut déjà des portes en verre pour protéger ses étagères: à partir d'octobre, celles-ci pourront également être* plus profondes, pour accueillir ses nouveaux objets, puisque l'entreprise pense que ses clients y exposeront de moins en moins de livres.
Une décision qui montre «à quel point l'industrie du livre est en train de changer profondément», affirme l'hebdomadaire, soutenu par le Time qui rappelle le choc de la fermeture récente de Borders aux Etats-Unis (un peu comme si la Fnac avait dû fermer en France).
Et même si l'entreprise suédoise ne risque pas d'avoir des ennuis financiers si les gens arrêtent d'acheter des étagères pour y entreposer des livres, le Time estime qu'elle est maline:
«En changeant la profondeur et la hauteur et en ajoutant des portes en verres décoratives à ses bibliothèques, Ikea s'assure que le monde aura toujours besoin de ses meubles à monter soi-même. Allez-y, posez vos souvenirs dans notre bibliothèque, nous dit-elle.»
The Economist rappelle que dans les cinq premiers mois de 2011, les ventes d'e-books ont dépassé celles des livres reliés aux Etats-Unis, et qu'Amazon vend désormais plus d'e-books que de livres papiers.
The Atlantic donne trois raisons à la popularité des e-books:
- les lecteurs aiment les e-books parce qu'ils sont incroyablement faciles à transporter et qu'ils sont généralement moins chers.
- les maisons d'édition les aiment parce que leurs marges sont meilleures et qu'ils rapportent toutes sortes de données intéressantes sur les tendances d'achat.
- les auteurs les aiment parce que les e-books leur donnent le pouvoir de se débarrasser des maisons d'édition.
Début 2011, le New York Times racontait l'émergence d'une étrange tendance: les designers qui utilisent les livres papiers comme projets de déco. Pour un spa, Thatcher Wine, spécialisé dans la mise au point de collections personnalisées de livres ou de «solutions livresques», a par exemple recouvert 1.500 livres reliés de papier blanc pour donner un «accent textural (sic)» à l'espace qu'il décorait. Des livres de John Grisham ou Danielle Steel, des biographies de Michael Jackson, bref tout ce qui était pas cher et d'une taille assez grande. Si le grand public s'amuse comme ces designers, les bibelots et autres breloques des futures étagères «Billy» auront de bien étranges compagnons...
*Mise à jour: d'après The Economist, Ikea compte proposer une nouvelle version de sa bibliothèque «Billy», le magazine ne précise pas si celle-ci remplacera la «Billy» traditionnelle ou si elle viendra s'y ajouter. Retour à l'article.