Le Figaro révèle qu’un vol Air France reliant Paris à Caracas (Venezuela) a subi «en début d’été» un incident dont le scénario se rapproche de celui du vol Rio-Paris, qui s’était abîmé dans l’océan Atlantique le 1er juin 2009 avec 228 passagers et membres d’équipage à bord.
Le quotidien cite le rapport d’incident établi par la compagnie, selon lequel, alors que l’A340 volait à une altitude de 35.000 pieds (environ 10.700 m), il a traversé une «zone de turbulences sévères» et a dû faire face à une déconnexion du pilote automatique. L’appareil est alors monté de manière «inconsidérée» et «brutale» de 3.000 pieds et a perdu de la vitesse, se retrouvant à «71 nœuds (127 km/h) sous la vitesse minimale d'évolution recommandée». Et à seulement 3 nœuds de plus que le vol AF447 quand celui-ci a «décroché», c’est-à-dire s’est retrouvé à une vitesse tellement basse qu’il est tombé comme une pierre de manière ininterrompue pendant plus de trois minutes, jusqu’à la collision avec l’océan.
L’incident, qui n’a fait que deux blessés légers parmi le personnel navigant commercial, fait l’objet, toujours selon Le Figaro, d’une enquête du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA): chargé des enquêtes administratives sur les incidents aériens, il s’intéresse à la «similitude» avec le scénario de l'AF 447. Cet incident pourrait en effet relancer le débat sur les responsabilités respectives de l’homme et de la machine: un pilote d’Air France pointe «le fait qu'un avion se mette à monter tout seul» alors qu’un expert en sécurité aérienne proche d’Airbus estime qu’«au final, il n'y aura pas beaucoup de machine et beaucoup d'humain dans les causes de l'incident».
Dans son dernier rapport sur la catastrophe du Rio-Paris, remis fin juillet, le BEA pointait, comme le relevait Libération à l’époque, «les erreurs humaines de l’équipage». Si le point de départ du crash est le givrage des sondes de mesure vitesse Pitot, c’est «l’action des pilotes», en l’occurrence un ordre à cabrer trop important, qui aurait été fatale.
Le rapport final sur le drame ne doit être publié au premier semestre 2012, mais ce rapport intermédiaire a déjà tendu les relations entre Air France et Airbus, toutes deux propriété partielle de l’Etat (de même que Thales, le fabricant des sondes incriminées) et mises en examen en mars dans ce dossier pour homicide involontaire.
Mise en cause, la compagnie a pointé la responsabilité dans l’accident des sondes et de l’alarme de décrochage. Une polémique qui a été relancée par la révélation début août par Les Echos et La Tribune du fait que le rapport du BEA avait été allégé à la dernière minute d'une «recommandation» sur l'alarme de décrochage.