On le sait depuis un sondage publié en début d'année et portant sur 53 pays: les Français sont le peuple le plus pessimiste au monde [PDF]. Ils sont les plus pessimistes sur la situation économique de 2011 et dans le top 3 des plus pessimistes sur la situation de l’emploi. Bref, «plus sombres sur leur situation personnelle que les Irakiens, les Afghans ou les Pakistanais»… Mais cet état d’esprit est-il justifié?
Pour expliquer le fait que les Français soient aussi déprimés, le blogueur Koztoujours avance comme explications «la hausse de l’immobilier, la dette, la dépendance, la hausse des dépenses de santé, les retraites, le changement climatique»… et la liste est longue. Pourtant, il rappelle que la France demeure le 5ème pays le plus riche au monde, et que la richesse moyenne individuelle des Français a plus que triplé depuis les années 1950.
«Au pire du pire, la France sera dans les huit premières puissances mondiales dans vingt ans», écrit Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, dans son récent livre Le fabuleux destin d’une puissance intermédiaire, dont Koztoujours cite des extraits. Lorenzi cite également le dirigeant polonais et historien Bronislaw Geremek:
«La France se porte bien quand on la regarde de l’extérieur. Mais la vraie question est de savoir pourquoi elle ne se porte pas bien quand elle se regarde»
Selon Lorenzi, le sentiment que les Français ont de leur propre déclin serait donc «une lubie», un faux sentiment issu d’une idéalisation du temps passé, perçu comme un âge d’or et d’un dénigrement du présent, vécu comme une déchéance.
Et même la gauche s’y met. Le thème du déclin, traditionnelle figure imposée de la droite libérale, a ressurgi dans le programme du PS pour 2012, comme l’expliquait Rue 89 en avril dernier. Le texte s’ouvre sur un long lamento : «Les repères et les règles du monde d’avant ont volé en éclats». Désormais, «la France est dans le brouillard d’elle-même». Pire: «Le sentiment collectif est que l’avenir se dérobe».
En réaction à cette «psychose» spécifiquement française, selon l’expression de Koztoujours, une série d’essais optimistes ont été publiés ces six derniers mois, comme Un petit coin de paradis d’Alain Minc, Les Trente Glorieuses sont devant nous, des économistes Karine Berger et Valérie Rabault, ou L’apocalypse n’est pas pour demain du politologue Bruno Tertrais.