«Restez tranquille, votre réélection est dans la poche»: tel est le conseil que donne le site U.S. News & World Report à Barack Obama, au vu d’une étude menée par l’universitaire Allan Lichtman, «dont la formule a prédit avec justesse tous les présidents depuis la réélection de Ronald Reagan en 1984».
«Même si je suis conservateur, je ne vois pas comment Obama peut perdre», explique Lichtman, qui a détaillé sa formule dans un livre intitulé The Keys to the White House («Les Clés de la Maison Blanche»), plusieurs fois réédité. Un ouvrage dont la célébrité a notamment été assurée par les élections de 1992 (quand une assistante de Bill Clinton avait appelé l'auteur pour se le faire envoyer avant que le gouverneur de l’Arkansas ne décide à se présenter) ou de 2008 (US News rappelle que Lichtman annonçait dès 2005 que le paysage politique était si mauvais pour les républicains que «les démocrates pourraient choisir un nom dans l’annuaire et gagner»).
L’universitaire distingue treize «clés» et estime que Obama en remplit huit: il n’est pas contesté au sein de son parti pour l’investiture, il est le président sortant, il n’y a pas de «troisième homme» susceptible de l’affaiblir (comme George Wallace en 1968 ou Ross Perot en 1992), l’administration sortante a effectué des «changements politiques majeurs» (plan de relance, réforme de la santé), il n’y a pas d’agitation sociale, il n’y a pas eu d’échec militaire majeur de type Baie des cochons, il y a même eu un succès avec l’assassinat d’Oussama ben Laden, et enfin le camp adverse souffre d’une absence de candidat charismatique.
Dans une interview récente au site Voices of America, Allan Lichtman estimait que la bataille républicaine se terminerait par un duel entre l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney et le gouverneur du Texas Rick Perry. Interviewé mi-août par Le Monde, il estimait que le Tea Party, la fraction radicale du parti républicain, jouissait «d'une adhésion passionnée et d'une véritable ferveur chez ses membres» mais pas d’«un soutien très large au sein de la population». Il affirmait aussi que Obama devrait insister sur le caractère extrémiste du Tea Party, comme l’avait fait Lyndon Johnson en 1964 pour être réélu très facilement face au républicain Barry Goldwater.
Le site Mother Jones reprend son analyse sur les clés en faveur d’Obama en la nuançant: selon lui, les «changements politiques majeurs» opérés par le président ont été «impopulaires», la durée de l’effet Ben Laden est incertain, Rick Perry pourrait «se révéler un candidat plutôt charismatique» et l’état de l’économie pourrait davantage peser que ce que pense Lichtman.