On savait déjà que nous avions tous en nous des gènes des hommes de Néanderthal. Mais une étude publiée dans la revue scientifique Science et réalisée par des généticiens de l'Université de Stanford va bien plus loin et révèle que notre système immunitaire est en grande partie construit sur certains gènes des hommes de Néanderthal et également d’hominidés de Denisova qui sont une variante de l'homme de Néanderthal
En 2008, la plupart des scientifiques pensaient encore que les hommes de Néanderthal et les humains actuels n’avaient jamais eu de rapports sexuels et appartenaient à des espèces totalement distinctes. Puis, l’année dernière, des chercheurs découvrirent que des gènes non-fonctionnels de notre génome provenaient des Néanderthaliens. Comme le souligne le quotidien Los Angeles Times, nous sommes finalement bien plus Néanderthaliens que nous le pensions.
Les scientifiques sont maintenant convaincus que certains gènes des hommes de Néanderthal ainsi que ceux des Denisovans ont amélioré le système immunitaire des premières populations d’Europe, d’Asie et D’Afrique. Et un gène, on ne peut l'acquérir qu’en ayant des rapports sexuels...
En 2010, des biologistes de l’institut d’anthropologie évolutive de Leipzig ont décodé à partir d’anciens os l'ADN des Néanderthaliens. Ils ont estimé que 1 à 4% du «génome eurasien moderne» provient de ces proches cousins. Pour les Denisovans, ils ont montré que leur ADN détermine entre 4 et 6% du génome des Mélanésiens.
Des généticiens de l'université de Stanford ont décidé de s’intéresser à un petit groupe de gènes du chromosome 6: les antigènes des leucocytes humains (HLA), qui ont pour fonction d’aider le système immunitaire à détecter les défaillances cellulaires.
Ils ont comparé des gènes d’humains de notre époque avec les mêmes gènes chez nos ancêtres. Et les résultats sont «stupéfiants» selon Abi-Rached: plus de la moitié des variantes des gènes HLA en Europe, et près de 70% en Asie, viennent de l’ADN des Néanderthaliens ou des Denisovans.
Le journal Discovery News explique aussi que des hommes modernes ont quitté l’Europe et l’Asie il y a plus de 10.000 ans pour retourner en Afrique. Là-bas leurs gènes se sont mélangés avec ceux des premiers hommes qui ont ainsi assimilé une immunité contre certaines maladies d’Europe et D’Asie.
Selon Svante Paabo, généticien à l’institut d’anthropologie évolutive de Leipzig l’histoire des hommes est «beaucoup plus complexe et intéressante» qu’on ne le pensait.
Pour les homo sapiens sapiens qui il y a 65.000 ans sont partis d’Afrique pour conquérir le monde, mélanger leur génome avec ceux des hommes de Néanderthal et des Denisovans en couchant avec eux, était un bon moyen de renforcer leur système immunitaire afin de s’adapter aux nouvelles maladies et parasites des continents qu'ils ne connaissaient pas. C’est ce qu’explique Henry Harpending, un anthropologiste de l’université d’Utah:
«S’il y a des parasites en Europe, la chose à faire [pour les humains partant d’Afrique] pour y faire face c’est de s’accoupler avec les Néanderthaliens et d’obtenir leur gênes.»
C'est pour cela que nous sommes tous un peu Néanderthaliens.