Pendant la crise financière, les plus grandes banques de Wall Street ont reçu jusqu'à 1.200 milliards de dollars de prêts (un peu moins de 830 milliards d'euros) de la Fed (Réserve fédérale, la banque centrale américaine), selon l'agence de presse économique Bloomberg, qui vient de recevoir, après une lutte judiciaire acharnée, des données jusqu'alors restées secrètes.
En 2008, alors que la bulle immobilière éclate et que les cours boursiers s’effondrent, la Fed, qui assure son rôle de «prêteur en dernier ressort», décide de venir en aide aux banques en difficulté. Elle distribue donc des prêts, dont le montant total était inconnu jusqu'à maintenant, à des taux très attractifs pour que les banques puissent continuer de fonctionner.
La palme du plus grand emprunteur revient à la banque Morgan Stanley, qui a reçu près de 107 milliards de dollars. En ce qui concerne les filiales américaines des banques francophones, la Société Générale a été la plus aidée, avec jusqu'à 17,4 milliards de dollars de prêts au printemps 2008.
Pour mieux visualiser ce montant astronomique de 1.200 milliards, qui correspond à plus de trois fois le déficit du budget du gouvernement fédéral américain de 2008, on peut se dire qu’en billet de 1 dollar, on aurait pu remplir plus de 539 piscines olympiques avec cette somme.
Selon James Clouse, directeur du service monétaire de la Fed, ces programmes d'aide ont permis d'éviter un désastre:
« Nous avions conçu ces programmes d’urgence pour à la fois juguler la crise et atténuer les risques financiers qui pesaient sur l’ensemble des contribuables.»
Normalement, quand la banque centrale assure sa fonction de «prêteur en dernier ressort», les taux pratiqués sont au-dessus des taux de marché, afin d’inciter les banques à gérer convenablement leur liquidité. Or, en 2008, la plupart des taux concernant les prêts aux banques étaient en-dessous des taux de marché: parfois proche de 1%, ils étaient près de quatre fois moins élevés que les taux interbancaires (les taux des prêts que les banques se font entre elles).
Avec des prêts ayant des taux aussi favorables, pourquoi ces banques n’ont-elles redistribué cet argent sous forme de crédits? C’est la question que pose le député républicain Walter B. Jones, qui ajoute:
«Elles se sont faites aider alors que l'entrepreneur moyen de Caroline du Nord, et même de tous les Etats-Unis, ne peut même pas aller dans sa banque et recevoir un crédit.»
Selon Richard Herring, professeur de finance à l’université de Pennsylvanie, certaines banques auraient profité de ces emprunts aux conditions avantageuses: elles auraient maximisé leur profit en empruntant «chez le moins cher, parce que c’était supposé rester secret et ne jamais être révélé».
Selon le site d’information Economonitor, voilà ce que les autorités auraient dû exiger des banques en contrepartie de l’argent versé, et ce qu'elles n'ont finalement pas fait:
«1) virer les gestionnaires de ces banques
2) interdire tous les lobbys financiers
3) forcer les banques à faire faillite selon la manière suisse (les nationaliser et virer tout le monde).»