France

Sarkozy-Merkel: L'Allemagne a peur pour la France

Temps de lecture : 2 min

Le 14 juillet 2010, à Paris. Reuters
Le 14 juillet 2010, à Paris. Reuters

C’est l’Insee qui le dit, la croissance française au deuxième trimestre, c’est zéro. Face au creusement prévisible du déficit public français si la croissance n'est pas au rendez-vos, la question de la rigueur devrait donc monopoliser une bonne partie du sommet très attendu entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel mardi 16 août, à l’Élysée. En attendant, et ce n’est pas la première fois, la France inquiète vraiment l’Allemagne. Pour des raisons historiques, l’Allemagne est fétichiste d’une monnaie forte et stable. Depuis l’euro, c’est un peu un leitmotiv outre-Rhin: Pourquoi l’Allemagne, si bonne élève en matière de déficit, doit-elle toujours rattraper le laxisme de certains de ses partenaires... dont la France?

«Si la France coule, c'est toute l'Europe qui coule», titrait vendredi le Tagesspiegel, avant de faire un peu d’humour: Qui est doté d’un triple A peut, d’une certaine façon, encore dormir tranquille. Mais celui qui en passe de perdre cette note doit agir. Et la France, pour les marchés financiers, passe pour la candidate à une rétrogradation(…).

De son côté, la Berliner Zeitung y va fort: «C’est l’heure de vérité. Le sage de l’économie Jacques Attali ne s’efforce même plus de l’embellir. A la question de savoir si les craintes concernant la solvabilité de la France sont fondées, et si le pays pourrait perdre son triple A, l’expert très estimé de Nicolas Sarkozy répond simplement: «Oui»».

D’un autre côté, poursuit le journal, «il suffit d’une petite vérification dans un livre: Au cours des trente dernières années, la France n’a pas une seule fois présenté un budget équilibré. Avec un déficit de 7,1% l’an passé, le pays affiche la plus mauvaise performance de tous les Etats dotés de la meilleure note.» Pour réduire les déficits publics, le gouvernement dit vouloir respecter des objectifs très serrés. Est-ce qu'ils sont réalistes, surtout à la veille d'une campagne présidentielle?

Le magazine Focus cite les propos rassurants de François Baroin entendus ce matin sur RTL, avant de donner la parole à Christian Schultz, un analyste de la banque Berenberg. Ce dernier estime fort possible que la France n’arrive pas à ramener cette année son déficit public à 6% du Pib, comme elle s’en est donné l’objectif. Et cela pourrait éviter faire croître la nervosité des marchés.

Quelle que soit l’issue des promesses gouvernementales, tous s’inquiètent des retombées du cas français sur l'ensemble de la zone euro. Focus tire même la sonnette d’alarme: «La France est, avec l’Allemagne, l’une des garantes de la stabilité de la zone. Elle en sont aussi les moteurs de croissance. N’oublions pas que de nombreux états surendettés comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou la Grèce s’extirpent péniblement de la crise ou s’enlisent durablement dans la récession».

De l’effet tâche d’huile à l’effet boomerang, le Tagesspiegel renchérit: «Personne ne saurait réellement prédire dans quelle mesure les engagements des banques françaises en Grèce, qui s’élèvent à hauteur de dizaines de milliards, ne pourraient pas se rabattre comme un boomerang sur les finances de sa voisine».

Les solutions se comptent sur les doigts d’une main, semble dire la presse: Ou bien, comme le suggère Die Welt, la crise actuelle ne se résoud qu’à travers une coopération franco-allemande renforcée. Ou bien, déclare la Berliner Zeitung, Nicolas Sarkozy ose mettre la rigueur au centre de sa campagne présidentielle. La Süddeutsche Zeitung, marquée à gauche, conclut même assez sévèrement: «Entre deux rôles marquants de l’Histoire, Sarkozy va devoir choisir: Veut-il être un candidat couronné de succès? Ou bien un Européen?»

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