La prochaine fois qu'un gros lourd vous drague, ou que vous vous apprêtez vous-même, monsieur, à aborder un(e) passant(e) d'un subtil «Ton père est un voleur, il a volé des étoiles dans le ciel pour les mettre dans tes yeux», réfléchissez-y à deux fois: la drague appuyée vaut-elle une vieillesse accélérée?
En se plongeant dans l'étude du comportement d'une espèce d'oiseau (l'outarde houbara), une équipe de chercheurs (notamment du CNRS et du Muséum national d'Histoire naturelle français) s'est rendue compte d'une étrange corrélation:
Les jeunes oiseaux mâles qui effectue les parades amoureuses les plus exubérantes produisent du sperme de meilleure qualité que les autres. Mais au fil du temps, cet avantage s'inverse: ces mêmes «paradeurs» extravagants montrent des signes de vieillessement sexuel anticipé, avec des éjaculats contenant moins de spermatozoïdes et plus de spermatozoïdes anormaux, rapportent les chercheurs.
Le blog sciences de Wired rapporte l'expérience avec plus de détails: les mâles outardes ont copulé avec des fausses femelles, déposant sans le savoir leur semence dans des récipients habilement disposés par les chercheurs. Ceux-ci ont donc pu enregistrer la qualité de la semence d'outardes houbara sur dix ans, et la croiser avec les techniques de parades des différents individus.
Pourquoi les mâles vivent-ils plus vieux que les femelles?
La qualité du sperme des dragueurs les plus lourds –considérée comme représentative de leur état général de santé par les chercheurs– a atteint son apogée à leurs 4 ans. Mais des 6 ans, elle était en plein déclin. Les chercheurs n'ont pas encore mesurée la durée de vie de leurs cobayes, qui peut aller jusqu'à 20 ans en captivité.
L'un d'entre eux explique cependant:
«Nous nous attendons à ce que le déclin général de leur physiologie mène à une durée de vie plus courte.»
Les mâles vieillissent plus vites que les femelles en général, et ceux particulièrement vigoureux vieillissent le plus vite.
Pas bêtes, ces oiseaux réussissent cependant à tromper les femelles, en réussissant à maintenir des parades nuptiales équivalents à leurs successeurs jeunes et fringants, un peu comme «des hommes à la cinquantaine bien tassée avec leur voiture de sport, leurs chaussures en croco et leur impuissance sexuelle», écrit Wired.
L'étude sur l'outarde houbara a été réalisée dans un cadre plus large, rapporte le magazine, qui cherche à comprendre pourquoi dans le monde animal les mâles meurent plus jeunes que les femelles.
Ces trouvailles pourraient-elles avoir leur équivalent chez les humains, où les femmes vivent également bien plus longtemps que les hommes? Réponse du chercheur:
«Les humains ne vivent pas avec une sélection sexuelle de la même intensité que les mâles houbara, mais il existe une possibilité séduisante que des comportements similaires puissent se produire.»