Monde

Des appareils photos pour dépister les problèmes de vue

Temps de lecture : 2 min

Blind Company, Titan View Pty Ltd, CC-Licence-by
Blind Company, Titan View Pty Ltd, CC-Licence-by

Une technique utilisant un simple appareil photo numérique ancienne génération pourrait aider à la détection des problèmes de vue autour du monde, et en particulier dans les pays en voie de développement, relate le blog Babbage de The Economist.

Pour l'instant, diagnostiquer ces problèmes de vue (de la simple anomalie à une occlusion veineuse d'un des yeux) requérait l'emploi d'un appareil lourd et coûteux, un ophtalmoscope. La technique, développée par Ashwin Mallipatna et Alefia Merchant, respectivement chirurgien de l'œil à l'hôpital Narayana Nethralaya de Bangalore et étudiante en médecine, utilise un défaut des appareils photo numériques haï des débutants: les yeux rouges.

Lors du déclenchement d'un flash, souvent utilisé dans l'obscurité ou en faible lumière, la pupille n'a pas le temps de s'acclimater et reste dilatée, permettant à la lumière de rebondir sur la rétine. La rétine est gonflée de vaisseaux sanguins, ce qui donne aux personnes prises en photo les fameux «yeux rouges».

Ce défaut peut être employé à profit, selon les deux chercheurs: la photographie résultant de l'emploi du flash en faible lumière permet selon eux de diagnostiquer très rapidement (en moins de cinq minutes) la présence d'une anomalie dans les yeux d'un enfant. Si la couleur des yeux sur la photo n'est ni orange ni rouge, cela suggère un besoin immédiat d'aide médicale. D'autre part, si l'un des yeux semble plus sombre ou terne que l'autre (toujours sur la photo), «cette asymétrie pourrait être le signe d'une occlusion veineuse d'un des yeux».

Pour tester la validité de leur théorie, Ashwin Mallipatna et Alefia Merchant sont allés à Pavagada, un village à 168 kilomètres de Bangalore. Des infirmiers y traitent la «léprose, la tuberculose et d'autres maladies chroniques». Alefia Merchant témoigne:

«La plupart d'entre eux n'avaient jamais tenu entre les mains un appareil photo numérique. Ils ne savaient pas regarder l'écran, faire le focus et prendre la photo.»

Les résultats se sont heureusement avérés concluants. Sur 160 enfants pris en photo, les résultats, selon Merchant, ont été comparables avec ceux d'un ophtalmoscope, même si quelques résultats positifs se sont ensuite révélés négatifs.

Le problème le plus important s'est posé sur le plan culturel. Dans la plupart des familles, lorsqu'un enfant montre un strabisme, on n'y prête souvent pas attention de peur de dissuader la déesse de la fortune Lakshmi. Elle est souvent considérée comme ayant un faible pour les familles dans ce cas, selon Ashwin Mallipatna.

«Le flash de l'appareil peut être un problème en lui-même. Certains villageois le voient comme l'œil du démon, qui punit l'enfant et sa famille», raconte par ailleurs le journaliste.

Selon le journal, on estime le nombre d'enfants atteints de troubles oculaires à 19 millions. À Pavagada, les enfants sont rarement amenés chez le médecin pour une consultation avant l'âge de 9 ans, relatait le Times of India en juin 2010. Il est déjà trop tard, à ce moment-là, pour aider l'enfant, qui peut rapidement devenir aveugle. Une grande étude est en cours pour déterminer à quoi l'augmentation des cas de cécité est due.

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