Un nouveau rapport du Bureau Enquête d’Analyse des accidents (BEA) qui parait ce vendredi 29 juillet à 14h30 doit éclairer les circonstances du crash du vol AF 447 Rio-Paris. Le Figaro a pu se procurer en avant-première ce dernier rapport. Il va confirmer le givrage des sondes Pitot et la perte des informations sur la vitesse de l’avion, dites anémométriques. Mais Fabrice Amedeo, journaliste au Figaro spécialiste en aéronautique, explique surtout en quoi il met en cause l’équipage.
Le Figaro présente les trois acteurs clefs dans une infographie: le commandant de bord, le copilote 1 et le copilote 2 (le plus inexpérimenté). Voici le déroulement des faits selon le nouveau rapport du BEA cité par le site du journal:
- L’avion évite une zone de perturbations
- Le commandant de bord quitte le cockpit pour se reposer: le copilote 2 prend les commandes.
- Les sondes Pitot givrent: déconnexion du pilote automatique, l’équipage ne connait plus la vitesse de l’avion.
- Le pilote 2 cabre -fait grimper- l’appareil. Le pilote 1 ne prévient pas assez vite le commandant de bord, appuie sur un bouton d’alarme, ce qui l’empêche de voir que son collègue continue de cabrer l’appareil.
- Décrochage, chute de l’avion
Pendant la chute:
6. Le
Pilote 2 continue de cabrer, contrairement à la procédure en vigueur en cas de décrochage. Les 2 copilotes ne réalisent pas le
décrochage.
7. Le
commandant est alerté par l’alarme et arrive dans le cockpit. Les copilotes ne peuvent lui expliquer les
origines du problème: il est incapable de gérer la situation.
Lors d’un décrochage, il est indiqué de «mettre les gaz à fond et (…) de pousser le manche», c’est-à-dire de faire pointer le nez de l’avion vers le bas. Le Pilote 2 a fait absolument l’inverse. «Cette manœuvre est totalement incompréhensible » a expliqué un pilote d'Air France au Figaro:
«Mon collègue a dû paniquer.»
Manque d’expérience? Crise de panique? Ce qui est sûr, c’est que le copilote n’avait pas reçu de formation «IAS douteuse», qui prépare à une perte d’informations anémométriques.
Air France et Airbus s’affrontent dans ce dossier, défendant respectivement les pilotes d’un côté et les sondes Pitot de l’autre. Dans ce climat houleux où les enjeux sont de taille, le BEA «prend des pincettes», selon France Info, en rappelant ce matin que l’enquête est «loin d’être terminée» et qu’il «ne faut pas confondre causes et circonstances» de l’accident.
Le Syndicat National des Pilotes en Lignes (SNPL) affirme qu’à l’époque, cet A330 n’était pas censé décrocher et que les procédures à appliquer en ce cas étaient «au fin fond du manuel de pilotage», rapporte France Info.