Culture

Comment un chimiste a réalisé le premier portrait photo

Temps de lecture : 2 min

Robert Cornelius, autoportrait, Library of Congress
Robert Cornelius, autoportrait, Library of Congress

En 1839, 14 ans après le premier «héliographe» de Nicéphore Niépce qui conduisit au daguerréotype de Louis Daguerre, Robert Cornelius prit le premier autoportrait jamais photographié, relate The Daily.

Plus important peut-être, la photographie qu'il prit est «largement considérée comme la première photographie d'un être humain».

Avec un temps de pose d'un peu plus d'une minute, Robert Cornelius prouvait sa connaissance de la chimie et de la métallurgie. Jusque-là, le temps de pose demandé pour la prise de vue était bien trop élevé pour qu'un humain puisse poser sans cligner des yeux ou bouger, réduisant les prises de vue à des paysages ou des sujets architecturaux.

D'autres photographes avaient bien déjà pris des portraits, avec ou sans artifices. Samuel Morse avait par exemple pris des photographies de gens assis, les yeux fermés; John Draper peignait ses sujets à la farine pour réduire le temps de pause.

Mais aucun n'avait atteint la qualité et la rapidité des photographies de Robert Cornelius: dans le studio de photographie qu'il monta avec Paul Beck Goddard, des miroirs focalisant la lumière du soleil et les catalyseurs (qui accélèrent la réaction) chimiques permettaient une prise de vue durant entre 10 et 60 secondes.

«Nous avons vu plusieurs spécimens du jeune Cornelius, raconte un journal de 1840, et nous les considérons comme insurpassables —ils doivent être vus pour être appréciés. Capturer une ombre n'est plus une chose dont on peut se gausser. […] Robert Cornelius a réussi à graver ses modèles sur la plaque, de manière à ce qu'on ne puisse les y enlever, même avec effort. Encore quelques expériences dans ce sens, et nous pourrons nous passer des graveurs —ces gentlemen très onéreux.»

L'art du portrait était à l'époque «considéré comme l'art photographique le plus élevé, et le plus demandé. […] [Le photographe devait] s'y connaître assez en psychologie pour comprendre le tempérament du poseur (assis), et en rendre la meilleure expression possible. […] le public reconnaît petit à petit les différences entre le travail d'un vendeur à la sauvette et l'art d'un artiste, et il est prêt à payer pour. Les prix pour un bon portrait n'ont jamais été aussi élevés que maintenant», écrivait Frederic Haskin dans le Milwaukee Sentinel en 1912.

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