Le nombre de végétariens ne cesse d’augmenter en Allemagne. Dans ce virage alimentaire se mêlent de nombreuses attitudes, plus ou moins excessives. L’assiette sans viande est une chose. La rigueur des végétaliens, une autre. Il y a aussi ceux qui ne veulent plus porter de fourrure. La dernière vogue, c’est d’imposer à son animal domestique ses propres choix alimentaires. «Mon chien est végétalien, comme moi», titre la Berliner Zeitung, avant de raconter l’histoire de Jobst Eggert, membre de Peta Allemagne, une filiale de l’organisation américaine «People for the Ethical Treatment of Animals»:
«Quand il s’agit d’expliquer pourquoi il donne des légumes à sa chienne Gina, Jobst invoque des raisons éthiques: “Pourquoi devrais-je la nourrir à base d’autres animaux, élevés dans des conditions atroces?”. Les chiens, après tout, sont omnivores, et les produits végétaux ne leur sont en rien étrangers.»
En 2006, le site allemand de l’organisation PETA a réalisé et publié une étude sur les bénéfices d’une alimentation végétarienne des animaux domestiques. Après un préambule éthique, les rédacteurs citent aussi l’impératif de la santé :
«Il est évident que la nourriture pour animaux domestiques contient, au moins en partie, de la viande traitée, chose parfaitement inacceptable pour la consommation de l’homme.»
À Berlin, où le nombre de tables végétariennes ne cesse d’augmenter et où un restau U de la ville propose un menu végétalien, l’offre et la demande de nourriture «veggie» pour animaux ont augmenté. La Berliner Zeitung précise:
«De nombreux sites vendent de la nourriture pour animaux. Attention, ce n’est pas donné. Une boîte de croquettes pour chiens 100% végétaliennes: 9,20 €. (…) Un sachet de 40 L de nourriture bio et végétalienne pour chats : 29€.»
Internet abonde aussi de sites et de forums spécialisés sur la question. Le site www.vegan-hund.de (comprendre «www.chien-vegetalien.de ») propose même des recettes ou des produits de substitution contenant toutes les vitamines nécessaires à la bonne croissance de l’animal.
Face au phénomène, la société allemande de protection des animaux est sceptique. Dans une rubrique de questions-réponses intitulée «Puis-je faire renoncer mon chien à la viande?», la réponse est claire :
«Le chien est carnivore. Nous déconseillons donc au maître de renoncer complètement à une nourriture incluant de la viande. Et même si nous n’émettons pas d’objection à ce que le chien se nourrisse, de temps à autre, de façon végétarienne, il lui faut aussi un os et un morceau de viande.»
De son côté, Marius Tünte, porte-parole de la société de protection des animaux, confie à la Berliner Zeitung :
«Celui qui ne peut pas tolérer le fait que les chiens et les chats mangent de la viande devrait peut-être songer à adopter un autre animal – Un lapin par exemple.»