L'une des branches des services secrets pakistanais (ISI: Inter-Services Intelligence), tenue par l'armée, continue à réprimer les journalistes qui, depuis la mort de l'un d'entre eux le 1er juin, se sentent dans l'insécurité la plus totale, selon Time Magazine.
Omar Waraich de Time Magazine prend l'exemple de Najam Sethi, rédacteur en chef du quotidien pakistanais Friday Time, afin d'illustrer la violence psychologique et physique endurée par les journalistes. Victime de harcèlement et de torture depuis des années, Sethi vit dans la peur d'être tué, comme l'a été son confrère Syed Saleem Shahzad, chef du bureau du site d'information Asia Times Online.
Le Pakistan a été soupçonné d'avoir accueilli et aidé Oussama Ben Laden à se cacher dans la ville d'Abbotabad. A la suite de la mort de Ben Laden, les médias pakistanais ont commencé à se montrer suspicieux vis-à-vis de l'ISI, qui prétendait ne pas être au courant de la présence de l'ex-leader d'al-Quaida dans le pays. Saleem Shahzad avait été retrouvé assassiné le 1er juin dans un canal. Il avait notamment été le seul journaliste à interviewer Kashmiri, haut responsable d'al-Qaida tué par un drone le 3 juin.
Déjà, début juin, Courrier International soulignait que cette mort pourrait être liée «à sa dernière enquête, Al-Qaida had warned of Pakistan strike (al-Qaida avait prévenu qu'elle frapperait le Pakistan), publiée sur Asia Times Online le 27 mai dernier (…). Témoignages à l'appui, son article révèle l'infiltration par le réseau terroriste de la marine pakistanaise».
Waraich insiste sur le fait que la répression des journalistes au Pakistan est une réalité depuis longtemps puisqu’il raconte qu’«en 1999, quand Sethi s’est fait arrêter pour avoir accusé le gouvernement en place de corruption, il a été battu».
Néanmoins, il explique que la situation a réellement basculé après la mort de Ben Laden et l’assassinat de Shahzad. L’ISI semble «afficher ouvertement sa haine et son irritation envers les journalistes» et la justice a commencé à prendre parti contre la presse en faisant circuler une pétition priant les journalistes d’arrêter de tenir des propos diffamatoires sur l’armée.
Le Time rapporte que face aux menaces qui lui sont adressées, Nejam Sedhi reste pragmatique:
«Lorsque vous défiez la corruption, l’arbitraire d’un régime militaire ou l’extrémisme et que rien ne vous arrête, on vous le fait payer»