Le point sur les derniers développements de l'affaire DSK, dimanche 3 juillet, après la remise en liberté sur parole de l'ancien directeur général du FMI, vendredi:
Accor et les «officines»
[France Info/AFP via Le Figaro] Proche de DSK, le député PS François Loncle a estimé que ce dernier avait été «piégé», victime d'une «embrouille». «Je pense simplement que tout n'est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor. Et qu'il peut y avoir eu des connexions entre le groupe et peut-être certaines officines françaises...», a-t-il déclaré. «Je n'accuse absolument personne... je ne pense pas que ce soit à un haut niveau de responsabilité politique, je pense que quelque chose s'est passé entre Paris et New York.» Accor a réagi dimanche dans un communiqué en niant «formellement» toute intervention de ses dirigeants dans l'affaire et en estimant que les propos en sens contraires pourraient être «diffamatoires».
Le trafiquant de drogue serait le second mari de la plaignante
[Le Journal du dimanche] Selon le quotidien dominical, l'homme a qui Nafissatou Diallo a téléphoné au lendemain de l'affaire serait en réalité son second mari, «un Gambien rencontré dans le Bronx, qu'elle a épousé religieusement il y a un peu plus d'un an», l'union n'ayant pas encore été transcrite dans les registres d'état civil. «Nafissatou a choisi seule cet homme», a confié un membre de sa famille au JDD. «Elle nous a dit qu'il avait été emprisonné pour des problèmes d'immigration, de papiers et de travail illégal. Jamais elle n'a parlé d'affaires de drogue. Nous avons découvert cela dans les journaux.»
Un nouveau plaidoyer de BHL
[The Daily Beast] L'essayiste signe une nouvelle tribune en faveur de son ami Dominique Strauss-Kahn où il affirme que «l'affaire Strauss-Kahn n'est pas finie. [...] Pour qu'elle le soit vraiment, Dominique Strauss-Kahn ne doit pas seulement recouvrer sa liberté mais —et c'est encore plus important— son honneur». BHL tire d'ores et déjà cinq leçons de l'affaire: la «cannibalisation de la justice par le spectacle de ses à-côtés», le «robespierrisme» de ceux-ci, un racisme de classe (qu'il compare à l'antisémitisme à l'oeuvre dans l'affaire Dreyfus), la «sacralisation de la parole de la victime» et la négation du principe de présomption d'innocence.
«J'aurais voté pour lui avant, mais plus maintenant»
[The New York Times] Le quotidien américain a demandé l'avis de plusieurs femmes françaises sur les derniers développements de l'affaire Strauss-Kahn. L'un des témoignages les plus intéressants est celui de Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde et ancienne correspondante du journal à Washington: «Je pense que sa réputation est tellement endommagée maintenant qu'il n'arrivera pas à la rétablir dans l'esprit des électeurs, et spécialement des électrices», explique-t-elle. «J'aurais voté pour lui avant, mais plus maintenant.»
Un mélange de Dark Vador, d'Eyes Wide Shut et du Da Vinci Code
[Le Monde] Le quotidien de l'après-midi consacre deux longs articles à la façon dont les proches de DSK ont accueilli les événements des dernières semaines. Intitulé «Enquête de personnalité», le premier s'intéresse à la «psychanalyse de groupe» à laquelle se sont livrés «ces élus, fonctionnaires ou anciens collaborateurs, grands patrons ou amis de la famille». A la clef, le portrait d'un «caméléon» qui «possède cette particularité de ne révéler à chacun que ce qu'il peut entendre», selon Stéphane Boujnah, ancien collaborateur à Bercy et dirigeant de la banque Santander. Un homme résumé à travers des références culturelles comme Eyes Wide Shut de Kubrick (pour «l'esthétique érotique»), Dark Vador (pour le côté obscur de sa personnalité) ou le Da Vinci Code (pour son goût des messages cryptés et des rituels).
Le deuxième article révèle les conversations de celui qui était encore directeur général du FMI, les 28 et 29 avril, à Paris avec le maire de Sarcelles François Pupponi, son conseiller Ramzy Khiroun et le hiérarque socialiste Claude Bartolone. Des hommes à qui il a fait part de ses soupçons sur les Russes qui voudraient le faire «tomber», notamment Vladimir Poutine, «proche de Sarko». Commentaire de Bartolone: «Comment un type qui a tellement l'impression d'être surveillé peut-il être à ce point imprudent? Comment peut-il y avoir un tel hiatus entre ce qu'on dit et ce qu'on vit?».
Le retournement de veste du New York Post
[New York Post] Après avoir accablé le «Perv», le «geignard», le «putois» DSK en une pendant six semaines, le tabloïd new-yorkais du groupe Murdoch, le premier à avoir révélé l'affaire le 14 mai, commence désormais à accabler la femme de chambre en affirmant qu'elle se prostituait au sein de l'hôtel. Inutile de dire que l'affirmation est pour l'instant à prendre avec d'énormes pincettes, d'autant qu'elle est fondée sur une seule source, proche de la défense. Et qui plus est qui s'exprime dans un curieux mélange d'hypocrisie et de vulgarité: «Une information circule comme quoi elle recevait des pourboires exceptionnels, si vous voyez ce que je veux dire. Et ce n'était pas pour apporter des p... de serviettes supplémentaires.»
Le frère de Nafissatou Diallo «100% en colère»
[Europe 1] La radio française a interviewé Mamadou Dian Diallo, le frère de Nafissatou Diallo, qui se dit «100% en colère»:
«Ils sont en train de dire du mal. Trafic de drogue ou blanchiment d’argent, c’est faux et archi faux! J’ai confiance en ma sœur, je sais qu’elle n’est pas une mauvaise fille. [...] Ca n’est pas fini, toute la famille, tous nous sommes prêts à nous battre jusqu’au bout. Nous n’avons pas besoin de son argent, mais de la vérité.»
Des audiences décevantes pour les chaînes généralistes françaises
[Programme TV] Les chaînes de télévision avaient bouleversé leurs programmes vendredi après-midi pour diffuser l'audience en direct, mais n'ont pas vraiment fait recette. Du moins en ce qui concerne les chaînes généralistes, les scores des chaînes d'information n'étant pas encore connus: 1,28 million de téléspectateurs pour TF1 (13,4% d'audience), 1,22 million pour France 2 (12,4%). Des résultats «inférieurs à la moyenne des audiences en temps normal».
Un mystérieux coup de fil en Arizona
[The New York Times/The Daily Beast] Le quotidien américain révèle de nouveaux éléments relatifs au comportement de la plaignante et à la façon dont se sont passés ses interrogatoires par les enquêteurs depuis la mi-mai. Citant des sources proches de l'enquête, il affirme que, le lendemain du jour où l'affaire a éclaté, elle a appelé un homme emprisonné en Arizona avec qui elle a eu une discussion en peul, qui n'a été traduite que le 29 juin: «Elle aurait tenu des propos du style "Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais".»
Cet immigré d'origine africaine serait en prison pour une affaire de drogue mais serait connu pour son implication dans des escroqueries à la carte de crédit et d'autres activités frauduleuses. Il aurait été décrit par les amis de l'accusatrice comme son «ancien mari», selon le Daily Beast, qui reprend les révélations du New York Times et cite une source proche de l'enquête selon qui les mensonges de la plaignante constitueraient «un drapeau rouge pour n'importe quel procureur».
L'accusé accusateur?
[Reuters, via Le Point] L'agence de presse s'intéresse aux éventuelles poursuites que pourrait lancer DSK s'il obtenait un non-lieu. «Il a perdu sa fonctions à la tête du FMI», explique le juriste Michael Joseph, qui fait état de «pertes financières potentiellement énormes». Cependant, pour remporter un procès contre les autorités, le plaignant doit prouver que les éléments ayant conduit à son arrestation (en l'espèce, le témoignage de la femme de chambre le 14 mai) ne constituaient pas à l'époque une «raison valable».
«Dominique passait ses journées à jouer aux échecs»
[Le Parisien] Le quotidien francilien a recueilli les réactions de plusieurs proches du couple Strauss-Kahn. Un membre de la famille, dont le nom n'est pas précisé, raconte sa vie quotidienne à New York du temps de sa résidence surveillée:
«Ce huis clos devait être étouffant. Dominique passait ses journées à jouer aux échecs, à surfer sur son ordinateur. Il s’était remis au piano et faisait une demi-heure d’exercice par jour dans la salle de sport de la maison… mais il dormait aussi beaucoup.»
Des pâtes aux truffes dans un restaurant italien
[Europe 1] Le site de la radio détaille, comme beaucoup d'autres, le déroulement de la première soirée en liberté sur parole de Dominique Strauss-Kahn. Il a passé celle-ci avec Anne Sinclair et deux amis dans un restaurant italien, où il a consommé des pâtes aux truffes. Il était entouré de «plusieurs gardes du corps [...] avec des oreillettes», tandis que des journalistes faisaient le pied de grue devant le restaurant. Les convives sont sortis par une porte dérobée pour gagner leur véhicule, mais ont patienté quand des photographes leur ont demandé de les regarder.
Chez DSK l'attendaient «des ballons bleu blanc rouge, ainsi qu'un plus gros en forme de Statue de la liberté», avec un petit mot disant «Profitez de votre liberté en ce week-end de fête de l’indépendance». Le nom de l'acheteur n'a pas été révélé.