Le 14 mai 2011, avant
d’être arrêté quelques heures plus tard à l’aéroport JFK de New York pour
l’agression sexuelle présumée d’une femme de chambre, Dominique Strauss-Kahn déjeunait avec sa fille, Camille. Aujourd’hui accusé d’avoir commis «deux
actes sexuels criminels au premier degré» et assigné à résidence, il a plaidé «non coupable», le 6 juin, dans l’attente d’un prochain
rendez-vous avec la justice américaine, le 18 juillet, où sera fixé le calendrier
de son procès.
En attendant, c’est
l’étape du «pré-procès»: l’accusation doit rassembler les preuves de la
culpabilité de DSK. La défense, elle, peut tenter de fournir un alibi: selon le
New York Times, le fameux déjeuner entre l’ex-directeur du FMI et sa fille sera déterminant.
DSK aurait, selon ses
déclarations, rejoint sa fille pour déjeuner vers 13h, mais il était en retard,
coincé dans un embouteillage à cause d’une brocante en pleine rue. Le déjeuner commence moins d'une heure après l'agression sexuelle présumée sur une Guinéenne de 34 ans venue nettoyer sa chambre d’hôtel pour laquelle il sera ensuite inculpé.
La défense, à présent, cherche à se procurer les
vidéos des caméras de surveillance du restaurant de fruits de mer Mc Cormick &
Schmicks où auraient déjeuné père et fille. L’enjeu sera alors d’analyser
l’attitude de DSK: s’il rit et semble partager un repas en toute tranquillité,
alors cela conforterait la défense, s’il a l’air préoccupé et distrait, au
contraire cela appuierait l’accusation. Ses avocats, William W. Taylor et
Benjamin Brafman ont déjà demandé aux enquêteurs s’ils disposaient
d’enregistrements vidéo issus des caméras de surveillance du restaurant.
Mais pour l’heure,
impossible de savoir si les avocats pourront récupérer d’éventuelles vidéos.
Paul J. Browne, le porte-parole de la police de New York, et Erin M. Duggan, la
porte-parole du tribunal, refusent d’aborder le sujet. Tori Harms, une
porte-parole de Mc Cormick & Schmicks, refuse également de répondre aux
questions du New York Times, se justifiant ainsi: «Cela a toujours été notre politique de coopérer pleinement avec les
représentants de la loi lorsque des problèmes ou des enquêtes impliquent notre
compagnie», mais la chaîne de restaurants «ne discutera pas en public de détails concernant l’un de ses clients
sans son consentement».
En revanche, une autre
vidéo d’une caméra de sécurité du Sofitel où séjournait DSK le montrerait en
train de sortir de sa chambre «quelques
minutes après l’incident», et «pressé»,
selon l’un des procureurs de l’affaire, John A. McConnell. Pressé car en retard
à son rendez-vous avec sa fille, avait rétorqué l’avocat de Dominique Strauss-Kahn.
Selon ses avocats, l’ancien directeur du FMI se rendait à ce déjeuner pour
rencontrer le petit ami de sa fille, qui les a rejoints brièvement à la fin du
repas. Sur le chemin de l’aéroport, il se serait rendu compte qu'il avait perdu son
téléphone portable professionnel. Sa fille, aidée d’une serveuse, aurait alors
cherché le portable dans le restaurant, mais en vain. Ce n’est qu’ensuite
que DSK s’est résolu à appeler le Sofitel.