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Les «Pentagon Papers» vont être officiellement publiés

Temps de lecture : 2 min

Détail d'une couverture de «Time» de 1971 abordant l'affaire des «Pentagon Papers».
Détail d'une couverture de «Time» de 1971 abordant l'affaire des «Pentagon Papers».

C’était l’équivalent seventies de Wikileaks et un des plus gros scoops de l’histoire du journalisme américain: les Pentagon Papers («papiers du Pentagone»), révélés le 13 juin 1971 par le New York Times, doivent être officiellement publiés lundi dans leur intégralité après leur déclassification par le gouvernement. Le quotidien américain, qui consacre un article au sujet, parle d’une «première dans les annales du secret gouvernemental: déclassifier des documents pour marquer l’anniversaire de leur fuite dans la presse».

L’annonce de la publication de ces documents, officiellement titrés United States-Vietnam Relations, 1945-1967: A Study Prepared by the Department of Defense, avait été faite mi-mai par le gouvernement américain, comme l’expliquait à l’époque l’AFP.

Un article sur le site de CNN nous rappelle en quelques mots le contenu des Pentagon Papers: ces documents montraient que les hauts dirigeants américains «savaient que la guerre du Vietnam était un bourbier tragiquement ingagnable» et «avaient menti au Congrès et au public sur l’avancement de la guerre». Leur révélation par la presse avait été validée par une décision de la Cour suprême du 30 juin 1971.

La publication de lundi fera 7.000 pages, et le New York Times explique avec humour ne pas y avoir eu accès: «Plusieurs archivistes qui ont vu le rapport complet ont décliné notre proposition de répéter l’histoire en faisant fuiter la version complète des Pentagon Papers au Times». La curiosité de la presse s’est pour l’instant concentrée sur onze mots dont il avait été annoncé dans un premier temps qu’ils resteraient «noircis», puis qu’ils seraient finalement publiés, et qui pourraient être le nom de sources.

Interviewé par le New York Times, Daniel Ellsberg, l’expert militaire qui avait fait fuiter les documents au quotidien en les sortant dossier par dossier de son bureau pour aller les photocopier chez la petite amie d’un de ses collègues, juge cette publication tardive «absurde». Il explique néanmoins que, dans le contexte actuel, elle «démontre qu’il est sage de donner les pouvoirs de gestion de la guerre au Congrès —un pouvoir dont il déplore qu’il ait été usurpé de manière croissante par la branche exécutive». Il trace également un parallèle avec Wikileaks en affirmant que, si le soldat Bradley Manning a fait ce dont il est accusé, il est son «héros».

CNN rappelle de son côté que Daniel Ellsberg avait été qualifié d’«homme le plus dangereux d’Amérique» par Henry Kissinger, expression qui a donné son titre à un documentaire qui lui a été consacré.

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