L’écrivain et homme politique espagnol Jorge Semprún est mort mardi soir à Paris, à l’âge de 87 ans, apprend-on dans El Pais.
Le quotidien rappelle la vie tourmentée de l’intellectuel: «enfant de l’exil» pendant la guerre civile espagnole, résistant en France puis déporté dans le camp de Buchenwald jusqu’à la Libération, membre du Parti communiste espagnol avant d’en être explusé dans les années 1960... Militant antifranquiste jusqu’à la fin de la dictature, il accepte d’être ministre de la Culture pour le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez entre 1988-1991.
«J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans», écrivait-il citant Baudelaire dans son roman Adieu, vive clarté. El Pais le décrit comme «une mémoire du XXe siècle», et évoque un souvenir qui s’éteint avec lui, «celui de la chair brûlée» dans les camps, qu’il avait évoqué dans une célèbre interview.
Pour lui, «la première victime du nazisme [a été] le peuple allemand», comme il l’avait affirmé dans un entretien avec Jean-Marie Colombani (cofondateur de Slate.fr).
Son oeuvre a été en grande partie écrite en français: récompensé avec le prix Femina en 1969 pour La deuxième mort de Ramon Mercader, il était membre de l’Académie Goncourt depuis 1996. Il était également scénariste, ayant notamment collaboré avec Alain Resnais ou Costa-Gavras.