Lors du recensement qui a eu lieu au mois de mai 2011, les Népalais ont pu choisir de cocher entre les habituelles cases «homme», «femme», mais aussi «troisième sexe», a constaté CNN.
Pour le Bureau central des statistiques de Katmandou, cette mesure doit permettre d’ouvrir la société népalaise, réputée traditionaliste et conservatrice, à d’autres points de vue. Dans ce petit pays himalayen où les relations homosexuelles ont été dépénalisées il y a seulement trois ans, cette victoire du camp progressiste ne s'est pas faite sans mal.
Outre la campagne politique, les militants pour les droits des minorités disent avoir dû menacer de faire appel à la justice pour obtenir la modification des règles du recensement.
Cette initiative découle d’un processus entamé il y a quatre ans. En 2007, un jugement de la Cour suprême népalaise a contraint l’État népalais à mettre fin aux discriminations liées à l’orientation ou à l’identité sexuelle, ainsi qu’à décriminaliser les «relations sexuelles non naturelles».
En janvier dernier, le site d'information Yagg s'était déjà intéressé au sujet et avait interrogé Sunil Babu Pant, parlementaire népalais ouvertement gay, sur les évolutions que connaît son pays. Sunil Babu Pant expliquait:
«Les troisièmes genres peuvent vivre leur vie avec dignité et, avec une telle reconnaissance, de nombreuses opportunités s’ouvriront à elles et eux, alors qu’auparavant, les troisièmes genres étaient exclus de tous les aspects de la vie, sans identité officielle».
Désormais, les «certificats de citoyenneté» mentionnent le genre choisi de la personne, et non celui de sa naissance. Ces réformes n’ont pas encore permis de légaliser le mariage ou l’union civile entre personnes du même sexe, ce qui serait une première dans cette région du monde, mais un comité étudie actuellement les dispositions légales permettant d’encadrer une telle évolution.
Si la capitale, Katmandou, évolue rapidement sur ces questions, le reste du pays peine à s’adapter. Dilu Buduja, la deuxième personne du pays a être officiellement reconnue en tant que transgenre, a expliqué à CNN que «les autorités locales ne connaissaient pas cette catégorie troisième sexe et craignaient d’être limogées si elles délivraient [ce certificat de citoyenneté “troisième genre”]».